Casus Belli N° 72
Un voyage divin
Été 1924. Vacances, colloque scientifique, voyage d'études pour un
peintre, envie d'exotisme pour un rentier en mal de nouveautés, besoin
de repos après une expérience éprouvante, parasitisme sans vergogne de
la fortune d'un ami ; toutes les raisons sont bonnes pour que notre
petit groupe d'Investigateurs se retrouve dans ce pays plein de
promesses qu'est la Grèce.
Si vous voulez en profiter pour leur faire faire un peu de
tourisme, ne vous en privez pas. Le premier guide touristique venu fera
avantageusement l'affaire. Mais sachez qu'à cette époque les moyens de
transport sont limités ainsi que l'hébergement. Pour ce qui est de la
langue, l'anglais et le français permettent partout de communiquer de
façon élémentaire mais suffisante. Faites en sorte qu'au milieu de leur
séjour ils se retrouvent à Athènes. Grande ville peuplée, joyau
culturel caractérisé autant par son Parthénon que par sa Plaka, vaste
marché encombré d'échoppes bigarrées où le sens des affaires est une
forme évoluée de survie.
L'un des Investigateurs pourra être historien avec des
correspondants dans les pays étrangers, ou un aventurier qui sait
s'assurer des soutiens internationaux. Toujours est-il qu'il
rencontrera un ami (ce cher Papoulos) qui l'invitera, ainsi que ses
compagnons, à passer la soirée chez lui en compagnie d'une dizaine
d'autres convives. Loggia donnant sur un jardin qui en cette fin de
journée torride dégage mille senteurs enivrantes, grillades
savoureuses, petit vin résinet au goût subtil ; les vacances sont
vraiment dignes des plaisirs olympiens. La conversation va bon train.
Papoulos présentera son ami Investigateur comme étant féru de
phénomènes occultes. Quelques réactions « polies » accueilleront cette
présentation. Seul un petit bonhomme d'une cinquantaine d'années
viendra le voir avec un air de conspirateur : « Je suis bien content de
vous rencontrer », lui dira-t-il. « Cela fait quelques temps que je
cherche une oreille complaisante à une histoire qui en a fait sourire
plus d'un... »
Une page d'histoire ancienne
« ... Alors que je me rendais dans la région d'Eleusis pour effectuer
quelques fouilles (je suis archéologue), je me suis arrêté dans le
village du même nom suite à un incident technique survenu à mon
automobile. Incident qui me força à rester trois jours sur place. Là,
je retrouvai une vieille connaissance : le professeur Andros
Milakopoulos, mon ancien maître en mythologie grecque. Il avait disparu
alors que j'étais jeune homme et je le retrouvais dans ce petit
village, alerte et en pleine forme. Il m'apprit, avec une décontraction
désarmante, que dans ce village, le culte de Déméter avait été remis au
goût du jour et plus particulièrement les mystères dédiés à la déesse.
»
Comme ça, à brûle-pourpoint, cela peut évoquer quelque chose à
ceux qui ont étudier l'Histoire. Dans le panthéon grec Déméter était la
déesse de l'agriculture, du grain, symbole par excellence de la vie.
Elle présidait également au cycle des saisons. Quant aux mystères
d'Eleusis, on en sait peu de chose. Toujours est-il qu'ils étaient liés
à Déméter et qu'ils se pratiquaient une fois l'an. C'était la rencontre
de l'ancienne génération et de la nouvelle. Ils sont demeurés secrets
jusqu'à nos jours car ceux qui y participaient devaient garder le
silence sur leur déroulement.
Pour votre information
L'Investigateur le plus calé en Histoire, ou un passage dans une
bibliothèque, permettra d'ajouter les informations suivantes : tout le
monde pouvait participer au rite ; pendant la cérémonie, les
participants entraient dans une sorte d'extase ou époptheia qui leur
permettait d'être en contact direct avec la divinité qui leur montrait
alors le cycle de la vie et de la mort et le rôle indispensable qu'ils
y tenaient.
De plus, au cours de leurs séjours en bibliothèque, ils seront
frappés par quantité de statuaires antiques représentant des hommes et
des femmes à genoux devant de féroces guerriers qui semblent pourtant
ne leur faire aucun mal. Ils découvriront ainsi la tradition du
suppliant qui veut que ce dernier, dans l'humilité qui caractérise sa
démarche, devienne intouchable. Celui qui levait la main sur un
suppliant risquait la colère divine. Il serait bon que les
Investigateurs s'en souviennent plus tard, lors de la rencontre avec
les Grands Maîtres.
L'archéologue dira également avoir aperçu dans la cour d'une
maison à Eleusis un jeune homme aux cheveux blancs et à la peau
étrangement argentée. Les villageois seraient restés évasifs quant à
tous ces faits étranges mais il aurait cependant réussi à soutirer des
bribes d'informations : morts inexpliquées, bruits étranges, don des
dieux. Puis, leur avouera-t-il, étouffé par un sentiment d'insécurité,
il serait parti rapidement. Les Investigateurs peuvent se renseigner
sur Andros. Ils découvriront (à l'université, auprès de ses voisins,
d'anciens amis) que c'était un brillant professeur de mythologie
grecque avant qu'il ne s'adonne à l'hypnose. Cela a semblé lui gâter le
caractère et les facultés mentales. Il est parti d'Athènes depuis
maintenant quarante ans, après avoir liquidé toutes ses affaires.
Depuis, personne n'a eu de ses nouvelles.
Toi seul, Gardien, peux savoir
Effectivement, le professeur Andros Milakopoulos, féru d'Histoire
ancienne, de mythologie grecque mais aussi d'hypnose et d'autohypnose
(personne n'est parfait) a remis au goût du jour le culte de Déméter.
Une nuit où il se sentait en forme, cet érudit passionné s'est plongé
dans un sommeil hypnotique profond. Il se retrouva alors transporté
dans les Contrées du Rêve, plus précisément à Kadath, lieu associé au
Plateau de Leng. Là, il rencontra, dans un palais de marbre qui
ressemblait de façon troublante aux représentations de l'Olympe que
s'étaient faites les Grecs, ZoKalar et Tamash, deux des cinq plus
importants Grands Maîtres. Ces entités gouvernent les Contrées du Rêve
terrestres, sous les auspices des Dieux extérieurs. Ils visitent
souvent les régions peuplées d'humains mais restent en général peu
préoccupés par le sort de ces derniers. Ils sont puissants, d'autant
plus qu'ils sont mystérieusement les alliés des Dieux extérieurs...
Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à consulter le supplément
Les créatures des Contrées du Rêve.
Le premier était un bel athlète aux cheveux blancs, à la peau
légèrement argentée et aux yeux complètement noirs, en amande ; il
était vêtu d'une toge violet sombre. Le second avait également les yeux
en amande et la peau argentée, mais ses cheveux étaient noirs et il
était drapé dans un habit d'or. Andros, sous le choc, fut persuadé de
retrouver les dieux de l'Antiquité et c'est avec ferveur et humilité
qu'il se prosterna. Les deux Maîtres, qui étaient à deux doigts de le
détruire, écoutèrent cependant sa prière. Il leur proposa de faire
revivre le culte des dieux olympiens sur Terre et de relancer les
mystères d'Eleusis. Les Grands Maîtres acceptèrent ; le marché pouvait
être intéressant. Avoir une telle assise sur la Terre pouvait s'avérer
utile. Si un jour les Dieux extérieurs en avaient besoin, ils se
feraient un plaisir de leur fournir cette base. De plus, cela allait
permettre à ZoKalar de faire des expériences sur la vie et la mort des
humains et à Tamash d'exercer pour son plaisir son art des illusions.
Le culte fut donc mis en place. Andros obtint de vivre beaucoup
plus vieux (il peut encore vivre quelques centaines d'années).
Quasiment tous les habitants d'Eleusis se mirent à vénérer les dieux
olympiens, les mystères reprirent, les Grands Maîtres et surtout Tamash
y faisant intervenir une magnifique illusion de Déméter, la déesse aux
épis de blé. Ils eurent également quelques rejetons. Puis les Dieux
extérieurs finirent par s'intéresser à l'affaire. Cette ferveur
nouvelle représente en effet un potentiel fabuleux, cette porte,
involontairement ouverte par Andros, pouvait être « rentabilisée » par
d'autres qui n'attendaient que cela. Alors qu'auparavant la situation
était stable (les Grands Maîtres sont en général d'une neutralité
parfaite), les choses se dégradèrent avec l'entrée en jeu d'une secte
menée par un sorcier dévoué à Yog- Sothoth, qui se fait passer auprès
des villageois pour un second envoyé de Déméter. Mais il a commencé, il
y a quelques mois, à faire faire n'importe quoi à ses premiers
sectateurs. Tant et si bien que trois jours après l'arrivée des
Investigateurs devrait avoir lieu l'invocation de Yog-Sothoth.

Eleusis, nous voilà
Les Investigateurs ne trouveront rien d'autre à Athènes, ce qui les
mènera sans doute à se rendre à Eleusis. Aucun train n'y va mais ils
peuvent louer une voiture bancale, sans parler du bus qui passe tous
les deux jours. Bruyant, rouillé, rempli dès les cent premiers mètres
de poussière et chauffé à blanc, c'est un moyen de transport éprouvant.
Mais cela ne dure qu'une petite heure (pour couvrir une vingtaine de
kilomètres). Le seul problème, c'est qu'il s'arrête à trois kilomètres
du village et qu'il s'avère impossible de faire faire un crochet au
conducteur. Les gens de la région font mine d'ignorer l'existence
d'Eleusis (Alésia, connais pas !). A force de patience (beaucoup), les
Investigateurs pourront découvrir que cela est le fruit d'une terrible
divergence... religieuse. Ils n'en apprendront pas plus.
Quand les personnages arrivent enfin à Eleusis, ils découvrent un
minuscule village niché dans une petite vallée verdoyante (oui !) et
fertile (re-oui !). Seule la route qui traverse « l'agglomération » est
carrossable, partout ailleurs ce n'est que sentiers envahis de cailloux
et chemins impraticables. C'est dire si la circulation est inexistante.
Le silence est de plomb, tout comme le soleil. Seules quelques cigales
parviennent à troubler cette chape de leur chant acidulé. Le vent, qui
serait le seul à pouvoir apaiser la morsure de l'astre solaire, est
chaud et étouffant. Pendant la journée les habitants restent à l'abri
de leurs murs blancs mais l'arrivée d'étrangers saura faire s'ouvrir
les volets... Il y a dans le village un hôtel-bar-auberge qui pourra
héberger les Investigateurs et les nourrir de délicieuses moussakas
maison. Les Investigateurs seront rapidement frappés par la présence,
entre les maisons en bon état, de bâtisses en ruine. Ce sont les
habitations des villageois résolument orthodoxes qui ont préféré fuir.
Galerie de portraits
Andros Milakopoulos
Selon les dires de certains il devrait avoir une bonne centaine
d'années et pourtant il ne parait pas en avoir plus de cinquante. Il
occupe une grande maison blanche un peu à l'écart du village, à
proximité du temple qu'il a fait construire dès son arrivée. C'est
l'officiant de la Religion retrouvée et le grand initiateur. Il est
prêt à défendre sa foi avec douceur, et toute attitude agressive ou
ironique sera très mal perçue. Si, au contraire, les Investigateurs
font preuve de tact et de souplesse, Andros ne manquera pas de leur
faire part de sa méfiance vis-à-vis de Milos. A noter qu'il possède un
étonnant don d'empathie qui lui permet d'aller très, très loin dans
l'âme des gens...
Le sorcier Milos
Il habite également un peu en dehors du village. C'est un homme
froid et observateur. Il fera passer Andros pour un pauvre fou qui ne
comprend plus grand-chose à la Vraie Religion (mais il restera évasif).
Il abondera toujours dans le sens des Investigateurs si cela peut lui
permettre de s'en débarrasser. Si les étrangers deviennent un peu trop
gênants il fera tout pour les éliminer par l'entremise « musclée » de
ses sectateurs puis par les pouvoirs des trois « demi-dieux » (voir
Odyseus, Antheus et Oniros) et enfin par ses pouvoirs personnels.
Odyseus, Antheus et Oniros
Ces trois jeunes hommes qui semblent avoir une bonne vingtaine
d'années sont les dignes rejetons, les deux premiers, de Zo-Kalar, et
le troisième, de Tamash. Pour la population, ce sont des demi-dieux.
Ils ont tous les trois la peau argentée et les yeux en amande. Ils sont
grands et musclés, se déplacent avec grâce et parlent peu, ne délivrant
que des sentences qui n'autorisent aucune objection. Sur la demande de
leurs pères, ils se sont associés à Milos. Ils doivent le soutenir sans
toutefois risquer la vie d'Andros et ils feront de leur possible. Ils
n'ont que peu de libre arbitre, ce sont leurs pères qui décident pour
eux.
Le maire-chef de police
« C'est un petit village calme ici. Pas d'ennui, pas d'ennui ; si
vous avez compris cela vous serez les bienvenus, autrement vous pouvez
repartir illico presto. » Voilà ce qu'il dira aux Investigateurs
presque avant de leur dire bonjour. Il trouvera même moult occasions de
le répéter, veillez-y. C'est un trouillard invétéré, toujours en sueur.
C'est aussi le roi de « je ne prends pas parti pourvu que le calme soit
maintenu ». Il sait très bien fermer les yeux. La vague de crimes le
met dans tous ses états. Il préférerait trouver un pauvre gars sans
défense à qui faire porter le chapeau plutôt que d'avoir à embêter
Milos ou Andros.
Mattew Stanley, le bagnard anglais
Cela va faire maintenant vingt ans qu'il est là. On raconte que
c'est un ancien bagnard qui a choisi de s'exiler pour se faire oublier.
Il est grognon et taciturne. Si il y a un ressortissant britannique
parmi les Investigateurs, le contact va être difficile à établir.
Autrement, les Investigateurs n'entendront que des imprécations contre
ses hérétiques de Andros et Milos. S'ils ont des contacts avec les
services policiers anglais ils apprendront que Mattew est un
psychopathe qui a tué une dizaine de personnes dans la région de
Bristol. Mais la chaleur a sur lui un effet calmant, et depuis qu'il
est en Grèce, il n'a tué personne malgré la superbe collection de
couteaux de boucher qui trône dans sa cabane. S'ils savent le prendre,
Mattew pourra aider les Investigateurs pour d'éventuelles actions «
musclées ».
Et puis, il y a les habitants
Le charisme naturel d'Andros, la rencontre avec Déméter, les
bienfaits que les villageois ont pu tirer de ce nouveau culte (la
fertilité de la vallée) les ont amenés à embrasser cette religion.
Cependant quelques orthodoxes purs et durs ne s'y sont pas résolus et
ont préféré quitter le village (les maisons en ruine).
Les gens de la région sont également au courant et opposés, ce qui
explique leur ignorance feinte d'Eleusis.
Les villageois sont maintenant divisés en deux camps : celui
d'Andros et celui de Milos. On sent d'ailleurs à Eleusis une tension
permanente, les massacres des derniers temps n'arrangeant pas la
situation. Les sectateurs d'Andros accusent ouvertement ceux de Milos
qui se contentent de hausser les épaules.
Les mystères sans boule de gomme
Les Investigateurs peuvent souhaiter participer à l'initiation et
Andros en sera ravi. C'est la seule façon de rencontrer Déméter, et
donc les deux Grands Maîtres. Il faut cependant savoir que si
l'initiation se fait sans que les Investigateurs aient la volonté de
rencontrer Zo-Kalar et Tamash, ils ne les rencontreront effectivement
pas.
La cérémonie commencera par un bain dans un mélange subtil et
très odorant d'eau chaude, d'huile d'olive et d'ambre. Puis les
personnages revêtiront une toge blanche, et pieds nus, accompagnés
d'Andros et de quelques initiés, ils sortiront de la maison.
Ils entreront dans le temple au sol de marbre frais et seront
installés dans une grande salle aux lumières tamisées. Au fond, un
groupe de musiciens aux instruments aussi étranges que gracieux
commenceront à jouer une mélodie aux accents émouvants comme un
souvenir d'enfance qui crève subitement la surface de la mémoire. Une
odeur d'encens un peu âcre montera alors qu'Andros leur parlera
doucement dans la langue magique d'Homère. Les Investigateurs se
sentiront partir sur la ouate rosée de leur esprit transporté.
Ils arriveront alors directement dans un autre temple de type
grec, d'où seront absents Andros et les musiciens. Devant eux se
tiendra une femme d'une beauté parfaite, drapée dans une toge blanche
et portant entre ses bras une gerbe d'épis de blé. Aussi bien pour les
spécialistes que pour ceux qui n'auront fait que l'apercevoir au hasard
des recherches rapides effectuées à Athènes, il n'y a pas de doute,
c'est Déméter. « Que la Grâce soit avec vous, initiés. Je vais vous
montrer la vie, la mort et la place unique et fondamentale que vous y
tenez. » Déferlement d'images, de sensations, agréables, difficiles,
enthousiasmantes, le processus de vie se déroulera devant les initiés,
ils se sentiront impliquer au plus profond d'eux-mêmes, c'est eux qui
font naître l'enfant, éclore la fleur, lever le soleil tous les matins,
ils sont le monde depuis des millénaires, la mort les emporte pour les
faire renaître dans chaque être vivant. C'est une symphonie
merveilleuse où chacun a la place fondamentale du soliste.
Puis retour à Eleusis. Au réveil, toujours dans le temple mais
cette fois-ci en compagnie d'Andros, ils se sentiront merveilleusement
bien, épanouis, réconfortés comme peut l'être un enfant aimé.
Beaucoup moins bucolique
Le lendemain matin de l'arrivée des personnages a lieu une découverte
macabre. Dans une caverne à un kilomètre du village, les villageois
découvrent quatre enfants (de la région) égorgés et vidés de leur sang.
Le lieu du sacrifice est recouvert d'étranges symboles suintant le mal,
et le froid glacial qui y règne contraste violemment avec la chaleur
extérieure. Le maire-policier va tout faire pour étouffer l'affaire
mais il parvient à convaincre les villageois qu'il fera tout pour
retrouver les coupables. Depuis quatre ou cinq mois, cela fait
maintenant quinze personnes que l'on retrouve dans cet état.
Les réactions dans la population sont mitigées. Certains sont
sincèrement horrifiés mais d'autres considèrent l'événement comme
quelque chose d'anodin ou devrait-on dire de « normal ». Les
Investigateurs remarquent même que l'un d'eux a un étrange sourire.
S'ils ne l'ont pas encore rencontré, on le leur désigne comme étant
Milos.
Si les « touristes » étaient de sortie cette nuit-là, ils ont pu
assister à la scène où effectivement Milos officiait, assisté d'une
bonne vingtaine de villageois (sur la cinquantaine que compte le
village). Il faut espérer que les Investigateurs aient été discrets,
sinon il y a de fortes chances pour qu'ils soient conviés à «
participer » au prochain sacrifice en tant que... victimes!
Et s'ils fouillaient chez les gens
Chez Andros, ils trouveront un journal où il raconte tout ce qui lui
est advenu depuis sa « révélation » en état d'autohypnose profonde.
C'est un très beau texte sincère et plein de foi. De plus il y a
quelques passages concernant Miles qui ne sont pas tendres. Il le
soupçonne de s'adonner à des pratiques perverties qui risquent de
mettre en péril la communauté. Il note également le fait que les
demi-dieux semblent du côté dudit Milos ainsi qu'une partie toujours
croissante de la population. Pour fouiller sa maison il suffira
d'attendre qu'il ne soit plus là ou qu'il dorme (il a le sommeil
profond) ; il vit seul et ne développant aucune paranoïa, il ne se
protège pas.
Par contre Milos, c'est une autre affaire. Outre deux acolytes
musclés, il utilisera sa magie s'il est là pendant l'intrusion des
étrangers... Toujours est-il que si les choses se passent bien, les
Investigateurs pourront découvrir un calendrier avec une grosse croix
sur la nuit du surlendemain, un exemplaire des Fragments de Celaeno (où
ils pourront trouver la description des Grands Maîtres) et un cahier
d'écolier parfaitement tenu. Y sont consignées en latin et grec ancien
ses réflexions concernant la vie, le monde, l'avenir radieux que nous
réservent les Vrais Dieux à leur arrivée et surtout à celle de son
maître... C'est plein de bonnes intentions et d'un certain nombre de
niaiseries que l'on ne s'attend pas à trouver sous la plume d'un grand
sorcier. Les Investigateurs y apprennent également la date de
l'invocation et que « les Grands Maîtres Zo- Kalar et Tamash ont conclu
un accord magnifique avec les Dieux extérieurs ».
Bon, et maintenant...
Tuer Milos est loin d'être suffisant.
Un autre viendra et reprendra le travail commencé. En effet, en
fouillant chez lui, les Investigateurs ont également trouvé une
correspondance touffue avec des homologues aux quatre coins du monde.
Certains ont même exprimé leur projet de venir le rejoindre... Les
vrais responsables sont ailleurs. En fait, Andros est le seul allié
fiable des Investigateurs. A eux de le mettre de leur côté, de lui
expliquer la situation. Il ne comprendra pas, surtout si on lui parle
des Dieux extérieurs (il n'y connaît rien). Après quelques heures de
discussion, il proposera d'aller rencontrer Déméter et peut-être les
Maîtres pour leur parler. Mais il dit craindre le pire car ce ne sont
pas des entités que l'on importune aisément.
Quand il faut y aller...
Que cela soit la première ou la deuxième séance, Andros est tendu, mais
la musique porte les esprits et ils se retrouvent face à Déméter,
toujours sans Andros. Si une majorité des visiteurs n'est jamais «
venue », elle leur montre la vie (voir Les mystères sans boule de
gomme). A la fin, comme ils restent, désireux qu'ils sont de rencontrer
les Maîtres, elle leur demandera ce qui ne va pas. Si les
Investigateurs commencent à aborder les problèmes qui les concernent
(Milos donc), Zo-Kalar apparaît, furieux. Il hurle, ses yeux
complètement noirs lancent des éclairs, c'est un véritable ouragan. Les
Investigateurs doivent faire preuve d'une déférence totale, ne pas
l'interrompre, mettre genoux à terre, en suppliant (c'est le bon moment
pour penser aux statuaires de suppliants et à la tradition qui s'y
réfère). Si les Investigateurs sont arrogants, les éclairs se
regroupent en un seul qui va frapper le plus bruyant qui tombe, mort.
Si cela ne les calme pas, Zo-Kalar continue ; il est intouchable et
surpuissant. Andros sentant un problème fait revenir les
Investigateurs. Ceux qui ont été blessés sont plongés dans une
catatonie qui durera bien deux ou trois jours. Ils n'auront aucune
blessure apparente ; quant à leur santé mentale, c'est autre chose...
Si le Maître n'est pas interrompu pendant sa colère, si l'humilité
habite le coeur des Investigateurs et s’ils se présentent en
suppliants, Déméter reprendra sa forme de Tamash, deux grands fauteuils
apparaîtront, les deux Maîtres s'assiéront et écouteront les suppliants
avec un calme étonnant. Les Investigateurs auront la désagréable
impression d'être des fourmis observées par des géants.
Si le discours est cohérent et explique bien l'emprise de Milos
et ses forfaitures, si le respect transparaît dans toutes leurs paroles
la réponse sera la suivante : « Décidément un rien vous agite, mortels.
Nous avons ouvert la voie à Yog-Sothoth, comme à un ami. Ce qu'il fait
ne nous regarde pas. Mais vous êtes venus, risquant plus que votre vie
pour nous soumettre votre supplique. Andros a toujours été fidèle et
humble, honorez-le. Nous demanderons à Yog d'aller ailleurs, nous
pouvons lui proposer d'autres ouvertures, il nous écoutera sans doute.
Mais pour cela, il faudra que chacun de vous nous donne la chose à
laquelle il tient le plus. Réfléchissez et revenez vite avec vos
présents avant que nous changions d'avis. Allez. »
A ce moment-là, les Investigateurs se souviendront qu'Andros leur
avait raconté qu'une femme du village avait fait une supplique à
Déméter pour retrouver son enfant perdu. Cela lui avait été accordé
mais elle avait dû leur sacrifier quelque chose d'important. Ce fut ni
plus ni moins que sa fertilité. Les deux dieux sont très durs en
affaires. Des Investigateurs qui ont tenté cette aventure avant vous
ont laissé à titre d'exemple : son don artistique pour une poétesse et
son nom pour un noble. Donner de l'argent est très mal vu...
De retour dans le temple d'Andros c'est à eux de jouer. Ils
peuvent entendre parler d'autres crimes commis, mais surtout ils se
font de plus en plus harceler par les gens de Milos (comme si il était
au courant - ce qui est le cas - les Grands Maîtres sont très joueurs).
Il faut à tout prix que les Investigateurs protègent également Andros
qui va être menacé, car sans lui le retour aux Grands Maîtres est
impossible. Course contre la montre, stress, angoisse et paranoïa
doivent présider au délicat choix du don.
Prologue
Au maître de jeu de décider si le cadeau est fait
du fond du coeur, les Grands Maîtres ne sont, bien sûr, pas dupes. Si
tout se passe bien, les Investigateurs retrouvent leur corps d'origine
(qui, s’ils s'étaient mal protégés pour la seconde cérémonie auraient
pu être tués par Milos et ses amis), ce qui ne veut pas dire que tous
les problèmes sont résolus.
Yog-Sothoth va en effet choisir d'autres portes (ce qui n'est qu'à
moitié satisfaisant). Le sorcier et ses sectateurs vont être fous
furieux. Milos, lié à son maître, perçoit effectivement que ce dernier
s'en va vers d'autres horizons. Et il a comme l'impression que les
étrangers qui mettaient leur nez partout y sont pour quelque chose.
C'est le moment ou jamais, pour les Investigateurs, d'apprendre à
courir...
Casting
Andros Milakopoulos
FOR 10 DEX 9 INT 16 CON 12
APP 12 POU 12 TAI 12 SAN 99
PdV 12 BaD : aucun.
Compétences : Anthropologie 60%, Archéologie 60%, Bibliothèque 75%,
Chanter 30%, Eloquence 55%, Histoire ancienne 98%, Lire/Ecrire grec
ancien99%, latin 88%, anglais 70%, parler anglais 88%, Psychologie 80%.
Ne pas oublier son fabuleux dont d’empathie.
Milos
FOR 12 DEX 8 INT 14 CON 14
APP 14 POU 15 TAI 14 SAN 0
PdV 14 BaD : +1d4.
Compétences : Astronomie 60%, Baratin 80%, Bibliothèque 80%, Mythe
30%, Lire/Ecrire grec ancien 60%, latin 50%, anglais 75%, Parler
anglais 70%, TOC 60%.
Sorts : Appeler Yog-Sothoth, Asservir une victime, Invoquer/Contrôler
un Vampire stellaire, Invulnérabilité, Flétrissement.
Mattew Stanley
FOR 14 DEX 9 INT 8 CON 14
APP 9 POU 8 TAI 14 SAN 60
PdV 14 BaD : +1d4
Compétences : Conduire automobile 60%, Discrétion 35%, Suivre une piste
50%.
Armes : Coup de poing 90%, Couteau de boucher 99%.
Les deux acolytes
FOR 14 DEX 10 INT 8 CON 14
APP 10 POU 8 TAI 12 SAN 50
PdV 13 BaD +1d4
Compétences : Discrétion 35%, Suivre une piste 50%.
Armes : Coup de poing 70%, Coup de tête 40%, Coup de pied 75%, Fusil de
chasse cal.20 55%.
Le maire-chef de police
FOR 9 DEX 8 INT 10 CON 12
APP 8 POU 8 TAI 10 SAN 99
PdV 11 BaD -
Compétences : Baratin 60%, Conduire automobile 45%, Droit 30%, Suivre
une piste 60%.
Armes : Coup de poing 60%, Coup de tête 20%, Coup de pied 50%, Revolver
cal.32 45%.
Odyseus, Antheus et Oniros
FOR 17 DEX 15 INT 15 CON 17
APP 16 POU 15 TAI 18 SAN 99
PdV 17
Ce sont des demi-dieux. Ils ne savent pas faire grand-chose si ce
n’est impressionner les gens. Ils ont chacun un pouvoir « particulier
». Le premier utilise la télépathie, le deuxième la télékinésie (sans
limite de poids) et le troisième peut créer des éclairs d’énergie
destructeurs à partir d’une pierre rosâtre qui pend à son cou.