Casus Belli N° 58

Un morne repas

Paris, le 10 décembre 1918. L’un des PJ va être arraché à la lecture - déprimante - des journaux, par un commissionnaire porteur d'une invitation à déjeuner pour lui "et quelques amis". Elle émane de Joséphine Legrand, nièce (cousine, amie d'enfance) de l'investigateur.
Elle habite chez ses parents, rue de Richelieu une longue rue triste, près de la Bibliothèque Nationale. Les PJ sont accueillis par Joséphine et sa mère. Ni l'une ni l'autre ne diront grand-chose au cours du repas médiocre et servi par une bonne maladroite. Après le café, avec maintes hésitations et de nombreuses pauses passées à sangloter, Joséphine racontera son histoire. En résumé, elle est fiancée à un jeune officier anglais nommé Hugh Wilson. Ils devaient se marier le mois prochain... et Hugh a quitté son hôtel sans prévenir. De plus, un des "horribles vieux bouquins de papa" a disparu (M. Legrand est antiquaire, et collectionne les livres rares). Son père a aussitôt conclu que le jeune homme était l'auteur du vol, et menace d'appeler la police. Serait-il possible aux investigateurs de retrouver le fiancé perdu (ou au moins de l'innocenter du vol du livre) ? N'écoutant que leur bon coeur, les investigateurs acceptent...

Les Legrand

Leur appartement est poussiéreux, meublé dans un style vieillot et ne contient rien d'intéressant, mis à part la collection de M. Legrand. Elle a beaucoup de valeur, mais ne contient pas d'autres livres maudits.
  • Joséphine est une grande jeune fille plutôt quelconque, timide et renfermée. En l'interrogeant on se rendra compte qu'elle ne sait en définitive que peu de choses sur "Wilson". Elle l'a rencontré cet été. C'est lui qui l'a abordée, "mais il était très convenable". Il lui a dit qu'il était chirurgien militaire, dans le Nord. Elle avait rendez-vous avec lui la veille. Ne le voyant pas venir, elle a téléphoné à son hôtel, où on lui a appris qu'il n'était pas rentré depuis deux jours. Si vous voulez, elle peut décider d'accompagner les investigateurs et se faire enlever/sacrifier par Lee...
  • Sa mère se remémorera sans fin des détails insignifiants jusqu'à ce que les personnages abandonnent, écoeurés.
  • Son père passe ses journées à la Bibliothèque Nationale, à faire d'obscures recherches. Il est grand et maigre, avec d'impressionnants favoris. C'est un aigri et un raté, qui prend plaisir à être désagréable avec tout le monde. Il suffira de le flatter pour qu'il s'humanise. Il passera sa hargne sur le fiancé, affirmant qu'il n'avait pas confiance, qu'il l'avait bien dit, etc. Le livre disparu est un traité de nécromancie en latin, datant du XIVème siècle, appelé le Livre des Larmes, ou Liber Lacrymae (jet d'Occultisme pour se souvenir de l'existence de l'exemplaire de Toulouse. Un échange de télégrammes avec l'université de cette ville établira que Lee l'a consulté plusieurs fois en 1913). Si vous le désirez, M. Legrand peut mettre sa menace à exécution et appeler la police. Dans ce cas, jetez régulièrement deux flics bornés dans les jambes des PJ, pour le reste de l'aventure...
  • Antoinette, la bonne, écoute aux portes (jet d'Ecouter pour l'entendre essayer de ne pas faire de bruit). Elle se déclare désolée par ce qui arrive à Mademoiselle. Si on la cuisine un peu, elle mentionnera la visite d'un homme qui voulait voir Wilson. Il est venu à l'appartement il y a deux jours, alors qu'elle était seule. Avant qu'elle ait eu le temps de lui expliquer que Wilson n'habitait pas ici, il lui a remis un message pour lui. Quand elle lui a donné l'adresse de l'hôtel de Wilson, il a filé si vite qu'elle n'a pas eu le temps de lui rendre le message. Elle l'a jeté. Si les investigateurs fouillent dans la boite à ordures, ils le retrouveront, taché, mais lisible : "Téléphone moi de toute urgence GOB 23-40. Veux savoir ce que tu fais là. Morton". Antoinette décrit un homme grand, maigre, avec une cicatrice au front et des cheveux noirs.

L'hôtel des Ventes

Rue Drouot. C'est là que M. Legrand a acheté le livre, en avril 14. (A la réflexion, il se souvient qu'un Anglais surenchérissait sans cesse sur lui. Un "sir" quelque chose, pense-t-il).
Il est possible (Crédit, Droit) d'avoir accès aux archives des ventes. Un "sir Eric Lee" a acheté plusieurs ouvrages (des traités de médecine médiévale) lors de cette fameuse vente. Si les PJ se débrouillent pour retrouver le commissaire- priseur qui s'en est occupé, il confirmera que Lee a tenté d'acheter le Liber Lacrymae.

Hôtel du progrès

Un petit hôtel correct, près de la Bastille. Le réceptionniste confirme que M. Wilson n'est pas rentré depuis trois jours - mais sa chambre est payée pour encore une semaine. La veille, un jeune homme avec une cicatrice au front est venu lui poser les mêmes questions.
Le registre donne la date des séjours de Wilson (qui concordent avec les dates de ses visites à Joséphine, mais qui sont bien trop rapprochées pour être des permissions). Il y a son adresse : Hôpital militaire 31 K, Poste Restante, Arras.
La chambre est simple et en ordre. Il y a peu de bagages. Les PJ peuvent avoir l'impression (T.O.C.) qu'elle a déjà été fouillée...

Gobelins 23-40

C'est le numéro de téléphone d'une petite pension de famille, rue Rubens (près de la place d'Italie). La propriétaire pense beaucoup de bien de John Morton... un héros de guerre, un grand blessé, etc. Les investigateurs auront du mal à la convaincre de les laisser perquisitionner. La chambre de Morton est une petite pièce blanche, parfaitement en ordre. Bien en évidence sur la commode, un indicateur des Chemins de Fer du Nord, ouvert à la page "Arras-Béthune". Dans la commode, un double de son dossier militaire (en anglais) : engagé volontaire en 14, il a été réformé en mars 1917, après une grave blessure à la tête. Le dossier médical est très technique, mais on peut comprendre (Diagnostiquer) que le cerveau a été touché... et que cela pourrait engendrer des troubles mentaux. Sur la table de nuit, un carnet (en anglais) : Morton y parle de sa vie depuis qu'il a quitté l'armée. Les derniers passages sont incohérents : il affirme avoir rencontré un ancien compagnon d'armes, Joe Atkins, qu'il a pourtant vu mort en 1916. Atkins était au bras d'une jeune fille. Ils sont entrés dans un immeuble, rue de Richelieu. Il a l'intention de s'y rendre le lendemain...

The War Office

En télégraphiant au ministère de la Guerre à Londres, on peut apprendre que :
  • le Dr sir Eric Moreland Lee, décoré du Distinguished Service Order, est mort le 27 mars 1915, à St-Eloi (Flandres) ;
  • il y avait un "J. Atkins" dans le même régiment que Morton, mort en 1916 lors d'une offensive sur Cambrai ;
  • le Dr. Hugh Wilson est médecin major à l'hôpital militaire d'Arras. Il a de brillants états de service depuis son engagement début 1916. (West a échappé de justesse au conseil de guerre en 1915, après qu'on ait fait certaines découvertes horribles dans les ruines de son hôpital. On s'est contenté de le réformer. Il s'est aussitôt réengagé sous un faux nom).

La vérité

Sir Eric Moreland Lee était médecin et biologiste et également féru d'occultisme, domaine dans lequel il avait découvert certains secrets horrifiants. Il avait consulté l'unique exemplaire connu du "Liber Lacrymae" à l'université de Toulouse, mais le bibliothécaire avait refusé de le laisser recopier certaines formules... En avril 1914, Lee apprit qu'une copie du précieux document allait être mise en vente à l'Hôtel Drouot. Il se précipita... et se la fit souffler par M. Legrand. Puis la guerre éclata, et Lee fut mobilisé. Le 27 mars 1915, il trouvait la mort dans un accident d'avion. Son corps décapité fut transporté à l'hôpital militaire de St-Eloi (Flandres). A cette époque y officiait un chirurgien très spécial : Herbert West, réanimateur de cadavres (au succès très mitigé). Lee avait participé à ses expériences de "réanimation" et West trouva tout naturel d'injecter une bonne dose de "ressusciteur" dans les veines de son défunt disciple. Le miracle eut lieu et Lee reprit connaissance... au moment précis où un obus allemand détruisait le bâtiment. Prenant sa tête sous son bras il en profita pour s'éclipser et se cacha dans les tranchées. Il ne tarda pas à y rencontrer un groupe de goules, en visite gastronomique au coeur du carnage. Grâce à leur aide, il reprit et perfectionna les formules de West. Il mit aussi au point un plan de vengeance, contre West d'abord, contre tous les vivants ensuite (inutile de dire que ces derniers événements eurent raison de sa santé mentale). Il envoya un de ses "ressuscités" voler le "Liber Lacrymae", dans lequel il savait trouver un moyen de lever une armée de morts. Atkins, le "voleur" a reçu l'ordre de ne pas agir discrètement, et de prendre le nom d'Hugh Wilson, qui est celui dont West se sert actuellement - de façon à le faire soupçonner. Deux grains de sable surviennent : les investigateurs et un ancien compagnon d'armes de Lee, qui l'a vu mourir. Le retrouver "vivant" à Paris va le pousser à enquêter de son côté.

Le destin de John Morton

En fouillant la chambre d'Atkins/ Wilson, John Morton a découvert une note de Lee qui lui ordonnait de revenir à Villerwal. Morton a décidé de s'y rendre... A vous de décider de ce qui l'y attendait. Il peut être devenu fou (suite à ses découvertes) et s'être embusqué dans les tranchées pour tuer "tous ces morts qui reviennent" (PJ compris), ou faire une entrée sensationnelle chez les Legrand si les PJ sont restés à Paris. A moins que les créatures de Lee ne l'aient capturé. Elles pourraient mettre son cadavre dans la mare de l'hôpital, pour incriminer West. Ou le "réanimer" pour attirer les investigateurs dans un piège. Enfin, vous pouvez le garder vivant et sain d'esprit pour aider les PJ "en panne d'inspiration". Il est possible qu'il ait encore la note de Lee sur lui quand les PJ le trouveront...

Arras

L'hôpital n'a pas le téléphone et ne répond pas aux télégrammes. Il va donc falloir s'y rendre. Le voyage prendra toute une journée. Le train fait de fréquents arrêts sur des voies de garage, pour laisser passer des convois militaires.
Arras a servi de base aux Anglais pendant toute la guerre. Elle a été complètement détruite, mais les habitants commencent à revenir - environ 2000 personnes pour 25000 avant-guerre. L'hôtel des Anglais (exmess des officiers) est le seul hôtel ouvert. Le propriétaire sera heureux d'indiquer le chemin de l'hôpital - à 4 Km de la ville, juste derrière le front. Si les PJ prennent le temps de bavarder avec les habitants, ils récolteront assez d'histoires de guerre pour écrire un livre. A propos de phénomènes bizarres, certains auraient vu des lumières dans les ruines de Villerwal, un petit village, détruit à 99%, situé dans la même direction que l'hôpital, mais au-delà du front.

L'hôpital

Une petite ferme aux murs blanchis à la chaux, au milieu d'un paysage dévasté. Le front était à 500 m, de l'autre côté d'une petite colline. Il ne reste plus que le docteur Wilson et quelques blessés "momentanément intransportables". De jour, West recevra volontiers les investigateurs. Il essayera néanmoins de les renvoyer à Arras avant la tombée de la nuit. S'ils arrivent tard, il les logera à contrecoeur. C'est un petit homme mince, avec des cheveux blonds et de grosses lunettes qui cachent ses yeux bleus. Il ne ressemble pas du tout au fiancé de Joséphine. Il est très surpris par tout ce que racontent les investigateurs. Il n'a pas pu être à Paris aux dates indiquées - il montrera les archives "officielles" de l'hôpital à l'appui de ses dires. Il ne comprend pas pourquoi on s'est servi de son nom : "Je n'ai pas d'ennemis en vie". (Psychologie : quelque chose l'amuse beaucoup dans ce qu'il vient de dire). Si les PJ parlent de Lee, il se troublera visiblement et finira par admettre que Lee est probablement derrière tout cela. Ils se sont disputés à propos de leurs recherches (il reste évasif quant à leur nature) et depuis, Lee lui voue une haine "déraisonnable". Si on lui rétorque que Lee est mort, il comprendra que les investigateurs ont eu connaissance de certains documents. Il se décidera alors à coopérer sans réserves et même avec enthousiasme, il exposera sa grande théorie de la réanimation si un des PJ est médecin. S'il a l'impression que les investigateurs sont une menace pour ses chères études, il tentera de les supprimer (en leur servant un dîner empoisonné, ou quelque chose de ce genre)...
West (ou plutôt Wilson, il évitera de leur révéler son vrai nom) est l'archétype du savant fou obsédé par ses recherches. Altruiste à l'origine, il a perdu tout sens moral et tout scrupule.


Rez-de-chaussée
  • Le bureau où West recevra ses visiteurs. Si on examine les dossiers médicaux (Diagnostiquer) on constatera qu'il a accompli de véritables miracles sur des cas désespérés. Un jet de Pharmacologie permettra de remarquer des achats importants de produits inhabituels...
  • La cuisine n'a rien de particulier. On y trouve des provisions et des quantités de hachoirs, couteaux, etc. Une aide bénévole vient du village voisin faire la cuisine et le ménage. Elle ne loge pas ici.
  • Chambre de West à l'ameublement banal. Il y a une petite bibliothèque pleine d'ouvrages médicaux dont beaucoup traitent de la survie après la mort. Dissimulés derrière un rayon (T.O.C.) trois petits carnets écrits en anglais. Le nom d'Herbert West figure sur les pages de garde. Il y consigne, d'une petite écriture nette, l'historique de ses recherches, y compris les meurtres dont il s'est rendu coupable pour se procurer de la matière première. Tout un chapitre est consacré au Dr Lee. Il y fait "des spéculations effrayantes sur les actes possibles d'un médecin sans tête doué du pouvoir de ressusciter les morts". La lecture de toutes ces horreurs coûte 1d6 SAN. Un chimiste très doué pourrait les utiliser pour réaliser les mêmes expériences... sans plus de succès.
  • Salle d'opération. West essayera d'empêcher les investigateurs d'y pénétrer. Elle contient tout le matériel nécessaire à des interventions chirurgicales. Plus quelques "extra" qui devraient intriguer les PJ. La table d'opération est équipée de courroies pour ligoter le patient. Il y a une boite de balles de cal.45 sur une petite table près du bloc opératoire (pour "neutraliser les expériences" une fois la réussite de l'opération évidente). Et dans le fond de la pièce se trouvent une grande cuve et des dames-jeannes ornées d'une tête de mort sur fond rouge. C'est de l'acide sulfurique, dont West se sert pour faire disparaître les "expériences terminées". L'acide fait 1d6 points de dommage par round jusqu'à réussite des Premiers Soins (l’eau est inutile, il faut nettoyer la blessure à l'huile). Si le visage est touché, on perd 1d6 d'APP/round, et on risque de perdre la vue...
    Les volets de la pièce sont toujours fermés, mais il y a assez de fentes pour qu'on puisse espionner de l'extérieur. Tous les soirs, West remonte un cadavre de la cave et lui injecte de douteuses mixtures dans les veines... Il s'abstiendra s'il a des hôtes.



Les "réanimations"

West reconnaît volontiers que "ce n'est pas parfaitement au point". Mais il aura du mal à résister à la tentation si un investigateur meurt à portée de seringue. Choisissez les effets de ses injections sur la table suivante - ou tirez-les si vous n'avez pas de projet particulier.
01-50 : pas d'effet.
51-70 : mouvements convulsifs, cris, peut-être une ou deux phrases cohérentes, puis décès définitif.
71-80 : folie furieuse. Le ressuscité tue tout ce qui passe à sa portée, sa FOR est doublée. Le sort de cette créature est alors entre les mains du meneur de jeu.
81-95 : réussite limitée. Le patient ressuscite mais reste "ralenti" par la détérioration des cellules de son cerveau. Perte d'1d6 de DEX, de 2d6 d'INT et d'1d100 de SAN. Le sort de cette créature est alors entre les mains du meneur de jeu.
96-00 : tout se passe à merveille... sauf que l'âme qui a pris possession du réanimé n'est pas la bonne. C'est un démon malveillant et puissant (il peut même posséder des sorts, mais n'exagérez pas à moins que vous ne vouliez doter les PJ d'un Ennemi Intime). Le sort de cette créature est alors entre les mains du meneur de jeu.
West prendra les échecs avec calme, murmurera quelque chose du genre "il n'était pas tout à fait assez frais", et passera au suivant.


La cave
Derrière une porte (FOR 25), un petit escalier transformé en plan incliné par des planches. En bas, une petite pièce glaciale où reposent, sur des chariots d'hôpital, une douzaine de formes couvertes de draps. Les cadavres sont plus ou moins abîmés... et coûtent 1/1d4 SAN.

L'étage
Une seule grande pièce, contenant une quinzaine de lits séparés par des rideaux. Trois seulement sont occupés. Les blessés ne sont pas si gravement atteints que West essaye de le faire croire mais il a besoin d'un prétexte pour s'attarder ici quelques semaines de plus, et il les bourre de morphine pour les faire tenir tranquilles. Si vous voulez compliquer encore un peu la vie des PJ, l'un d'eux pourrait être un des ressuscités de Lee, en mission d'espionnage... ou d'assassinat.

L'écurie
Elle est divisée en stalles. La dernière contient un petit générateur à pétrole qui alimente la clinique et plusieurs bidons d'essence. La suivante abrite l'auto de West : une Panhard 1907 à trois places.
Les portes extérieures du bâtiment principal ont trois verrous et une FOR de 25. La FOR des volets est de 10, 15 une fois les volets fermés.

La marche des mille morceaux

Lee a décidé que les investigateurs seraient son moyen de neutraliser West, au moins temporairement. S'il les voit repartir en laissant West en bonne santé, il enverra à leurs chambres d'hôtel quelques fragments de cadavre animés (ces horreurs attaquent pour tuer). Que les investigateurs se persuadent que West veut leur mort ou que les gendarmes d'Arras voient les PJ mourir mystérieusement après une visite chez West revient au même pour Lee...

Espionnage sournois

Sur la colline qui domine l'hôpital, une goule surveille l'hôpital à la jumelle (T.O.C. pour voir les verres se refléter au soleil). Si on escalade la colline sans réussir de jet de Discrétion, elle ira se cacher dans les tranchées. Normalement, elle rentre à Villerwal au coucher du soleil. Si les investigateurs passent la nuit chez West, elle pourrait décider de rester : bruits étranges dans la nuit, visage inhumain à la fenêtre, traces griffues devant la porte... Repérée, elle se laissera suivre et essayera d'amener les PJ à ses deux congénères, dans les tranchées...

Les tranchées

Derrière la colline, le paysage est complètement bouleversé sur des kilomètres. Les tranchées sont un endroit sinistre et désolé. Elles sont sinueuses, pleines de recoins où peuvent se dissimuler des choses hideuses, de boyaux boueux qui débouchent sur d'autres tranchées ou sur des abris souterrains plus ou moins solides. Certaines, à l'arrière, sont maçonnées : P.C. opérationnel, casemates, postes de secours d'urgence. Si la promenade entre les tranchées est éprouvante, la traversée du No man's land qui sépare les anciens complexes français et allemand est effroyable : des chevaux à demi décomposés, des barbelés qui s'accrochent à vous comme des mains surgies du sol, des pancartes "Achtung Minen", etc. De nuit, l'effet est suffisant pour justifier une perte de 0/1 SAN. Deux goules, en uniforme d'officier de l'armée britannique, se promènent dans toute cette désolation : elles cherchent armes et cadavres pour le Dr Lee. Elles seront ravies de jouer au chat et à la souris avec les investigateurs, si elles les rencontrent...

Villerwal


Lee s'est installé là parce que le village n'est pas très loin de l'hôpital de West (environ une heure de marche), mais aussi parce qu'il s'y trouve une église à peu près intacte - et il a besoin d'une tour en pierre pour réussir l'incantation qu'il a découverte dans le Liber Lacrymae : "Appeler Yog- Sothoth".
A part l'église et une maison, tout le reste n'est plus que décombres. De nombreuses silhouettes errent autour de l'église - des hommes vêtus de fragments disparates d'uniformes. Certains sont mutilés. Ils sont effrayants et bien armés, mais ne s'occupent pas des investigateurs. Ils sont trop occupés à essayer de se rappeler qui ils sont et ce qu'ils font là (Lee a trouvé la formule d'un "ressusciteur" efficace... si efficace qu'il est obligé de droguer ses créatures pour les faire tenir tranquilles). Atkins/Wilson, le faux fiancé, est parmi eux.
La maison sert de cantonnement aux goules, de magasin et de morgue. Il y a des armes, et des uniformes déchirés et tachés de sang. Déguisés, les investigateurs passent complètement inaperçus. L'église sert de laboratoire et de logement à Lee, et de temple lors des cérémonies d'Appel de Yog-Sothoth, chaque nuit. De jour, Lee se trouve généralement dans le transept droit, où il étudie le Liber Lacrymae et prépare d'horribles décoctions. Si on lui dérobe le livre, les goules attaqueront l'hôpital (ou l'hôtel des PJ pour récupérer l'ouvrage.

La cérémonie

Elle commence une heure après le coucher du soleil et se prolonge jusqu'à minuit. L'église est violemment éclairée et des chants infernaux résonnent à l'intérieur. La nef est pleine de soldats ressuscités. Derrière l'autel, deux goules en soutane accomplissent une parodie de messe. La troisième tape comme une folle sur un harmonium démantibulé. Lee est en chaire et dirige l'invocation (SAN 1d3/1d10).
Si les PJ y assistent et la laissent se conclure, décidez des résultats. En cas d'échec, il se passera quelque chose de spectaculaire - le sol gronde, le vent souffle en tempête, des éclairs jaillissent d'un ciel sans nuages... Si l'invocation réussit, tout va être très calme pendant quelques secondes, le temps pour les PJ de commencer à courir vers un abri. Puis apparaît une sorte de monstrueuse aurore boréale composée de couleurs étrangères à notre spectre (SAN 1d6/1d20). Elle plane au-dessus du clocher quelques instants, le temps d'entendre la requête de Lee et de l'exaucer. Il a souhaité que tous les morts de la région ressuscitent et se vengent des vivants ... Les investigateurs ont un gros problème. Si les PJ n'ont rien fait d'ici là, l'invocation réussira le soir de Noël.

Final



Si les investigateurs ont laissé Yog- Sothoth apparaître, il ne leur reste plus qu'à courir comme des fous jusqu'à l'hôpital (à travers des tranchées pleines de mort-vivants agressifs) pour s'y barricader. A moins qu'ils ne préfèrent s'entasser dans une voiture pour se lancer sur des routes couvertes de zombies titubants à perte de vue... Ne les tuez pas tous, ce serait trop facile. Contentez-vous de les terroriser. A moins que vous n'ayez envie de bouleverser l'Histoire, considérez que tous les mort-vivants disparaîtront au lever du soleil. Ils n'auront pas le temps d'aller plus loin qu'Arras.
Les destructions qui en découleront seront attribuées à l'explosion d'un dépôt de munitions, ce qui n'empêchera pas les investigateurs responsables de l'échec de perdre 1d10 de SAN en l'apprenant. S'ils parviennent à neutraliser Lee, ils méritent bien 1d10 de SAN.
Dernier point : si vous le pouvez, arrangez-vous pour que West et Lee s'échappent. Leur duel n'est pas terminé...

Savants fous, cadavres frénétiques & compagnie

Herbert West, génie détraqué

FOR 12 DEX 13 INT 19
CON 16 APP 14 POU 14
TAI 13 SAN bof...
EDU 20 PdV 15
Arme : cal.45 (en général sur lui), 30%, 1d10+2.
Chimie et Pharmacologie 90%, Premiers Soins 95%, Psychologie 60%, Conduire auto 50%, Electricité 40%, Zoologie 40%, Diagnostiquer et Soigner maladie 80%, Soigner empoisonnement 60%, Lire le latin 50%, L-E/P français 30/55%.

John Morton, victime prédestinée

FOR 14 DEX 15 INT 12
CON 15 APP 10 POU 9
TAI 15 SAN 19 EDU 12
PdV 15
Armes : revolver cal.38 (souvenir de guerre), 50%, 1d10. Fusils 40%, T.O.C 35%,
Esquive 30%, Sauter et Grimper 50%, Droit 30%, L-E/P français 25/40%.

Les Morceaux Choisis, première ligne d'attaque de Lee

  • Main baladeuse (avec ou sans bras au bout)
    DEX 14 PdV 4
    Poing 40 %, 1d3 armes diverses 50 % (revolvers, couteaux).
    Protection : très rapide, 30 % de malus aux chances de la toucher.
  • Intestin étrangleur (10m de cordes verdâtres et visqueuses)
    DEX 8 PdV 9
    Sauter 80%, Etrangler 70% (procédure d'étranglement, on peut se libérer en réussissant un jet FOR/13).
  • Un torse qui se déplace sur ses côtes, comme une araignée
    En attaque, il se propulse avec son tronçon de colonne vertébrale et broie sa victime avec ses côtes :
    FOR 15 DEX 12 PdV 12
    Broyer 50 %, 1d10/round (jusqu'à réussite d'un jet FOR).

Les goules

Elles rêvent de voir revenir les jours où les tranchées étaient un gigantesque fast-food ouvert 24 h/24.
FOR 15 CON 12 TAI 14
INT 11 POU 15 DEX 13
PdV 13
Armes : Dents 30 %, 2d6 ; Griffes 50 %, 2d6.
SAN : 1/1d6 quand on voit ce qui ce cache sous leurs uniformes (de loin, elles peuvent faire illusion).

Zombies de Lee, chair à canon x 30

FOR 14 CON 14 TAI 12
INT 10 POU 10 DEX 5
PdV 13
Armes : Poings et Lutte 50% (bonus aux dommages +1d4), Revolvers et Fusils 30 % (ne s'en servent que sur ordre)
SAN : de 0/1 à 1/1d6, selon leur état.

Dr sir Eric Moreland Lee

Un corps sans tête - qui "voit" et "entend" quand même. La tête est cachée en lieu sûr, ce qui lui permettra de faire sa réapparition même dans le pire des cas.
FOR 16 DEX 10 INT 20
PdV 16 CON 20 APP –
EDU 22 TAI 12 SAN –
POU 18
Arme : évite le combat.
S'abrite derrière ses mort vivants.
Compétences : comme West + 20% en Mythe.
Sort : Appeler Yog-Sothoth
SAN : 1/1d4
Le Liber Lacrymae en latin, +5% en Mythe, ld6 SAN, contient Appel de Yog- Sothoth, Multiplication de sort x2.

Texte Tristan Lhomme / Illustrations Vince / Plan Stéphane Truffert