Les nombreux amateurs d’Amirauté familiarisés avec la pratique
des règles seront intéressés par une approche détaillée de l’importante
question des torpilles. La panoplie de ces armes bien particulières, si
elle reste inscrite dans le cadre indiqué, est si riche que la
découverte fortuite d’un élément singulier peut être la source
d’étonnement pour certains lecteurs. Un exposé d’ensemble permettra de
confirmer les bases pour la grande majorité des cas.
Un précédent article rappelait les principes de l’emploi des
sous-marins, dans leur force et leurs limites au cours de la Seconde
Guerre mondiale. Ce qui nous amène naturellement à voir de plus près
leur arme essentielle. Celle-ci, si justement redoutée trouve sa place
à bord de tous les types de navires et de certains avions. En pratique
son utilisation peut se schématiser ainsi :
- A bord des Cuirassés : pratiquement exclue.
- A bord des Croiseurs : arme occasionnelle.
- A bord des Destroyers : rôle plus important (bien que la tendance
ait été une diminution de cet armement au profit d’un renforcement de
la D.C.A.).
- A bord des vedettes rapides : arme principale, mais cette
catégorie de bâtiments petits et fragiles ne peut jouer qu’un rôle très
secondaire.
- A bord des sous-marins : elle constitue l’armement principal,
sinon le seul, que les qualités de discrétions du lanceur, comme nous
l’avons vu, rendent particulièrement dangereux.
- A bord des avions : une seule arme, très rarement deux, sur des
appareils spécialement aménagés et soumis à des contraintes de
lancement qui exposent grandement le lanceur (faible distance, altitude
et vitesse...).
Caractéristiques des torpilles
Torpilles classiques. Elles sont mues par des moteurs à piston
thermique ou à oxygène, des turbines ou des moteurs électriques.
Quelque soit leur calibre les torpilles peuvent se classer en
Torpilles-Distance et Torpilles-Vitesse. Les premières sont surtout
utilisées par les bâtiments de surface obligés de lancer de loin les
autres arment les sous-marins, vedettes et avions auxquels leur
invisibilité totale ou relative permet de lancer de près. A bord des
navires de surface on utilise le plus souvent les lancements groupés
recherchant surtout un effet d’intimidation qui oblige l’adversaire à
s’éloigner momentanément. Le lancement individuel de surface se fait
presque toujours de nuit par surprise dans des conditions de visibilité
se rapprochant de celles du sous-marin... Pour ce dernier le lancement
par surprise est la règle.
Torpilles acoustiques et torpilles programmées. Les premières
se dirigent vers les hélices, les secondes ont un parcours sinueux
touchant au hasard leur cible dans un convoi. Rapidement contrées par
des bruiteurs ou souvent perdues, ces armes délicates et fragiles,
embarquées en petit nombre (2-3 par s/marins) ont été relativement
décevantes...
Principaux types de torpilles utilisées en 1939-1945
To : Calibre de la torpille
P : Poids de la charge
Portée/Vitesse : Portée en mètres pour vitesse en nœuds
Les effets
En général ceux-ci sont proportionnels au poids de la charge qui
peut varier du simple au quintuple. La torpille est sans conteste
l’arme conventionnelle la plus meurtrière contre les bâtiments de
surface. Son pouvoir de destruction est le plus souvent extrême même si
dans certaines occasions il se montre étonnement modeste (en général
les impacts aux extrémités de la coque sont moins dangereux). La
résistance varie notablement avec l’âge du navire touché on notera la
grande vulnérabilité des navires anciens et la meilleure résistance des
bâtiments modernes spécialement des cuirassés. Les torpilles
acoustiques touchant à proximité des hélices entrainent souvent
l’immobilisation du navire atteint sans toujours le couler... Dans tous
les cas d’impact par torpille la réduction de vitesse du navire atteint
est immédiate. Afin de tenir un compte plus précis de toutes ces
données il nous a semblé opportun de compléter le tableau des points
d’agression de ces armes et nous proposons de remplacer celui
fourni-dans l’annexe 10 d’Amirauté par le suivant :
A côté d’une légère modification de la répartition totale des
points on notera surtout la modulation détaillée de l’éventualité du dé
I dans ce cas le jet d’un second dé donnera le total de points à
retenir sur 3 possibilités au lieu d’une seule auparavant. Cette
modification du tableau va dans le sens d’un allégement de l’agression
par torpille rendue plus souple donc plus réaliste.
Paul Bois