Tout bon chrétien éprouve une joie profonde à fêter Noël et à
commémorer la naissance de l’enfant-roi. Mais il faut bien reconnaitre
qu’il n’est pas d’endroit au monde où l’on célèbre avec autant de
ferveur cet évènement qu’en Angleterre et à Londres tout
particulièrement.
Dès le début du mois de décembre tout le monde se prépare : les sapins
se couvrent de guirlandes, les couronnes de houx apparaissent sur les
portes de chaque maison, les yeux des enfants brillent d’impatience et
dans l’ombre une armée de poupées et de teddy bears s’apprêtent à
envahir les cheminées londoniennes. Il suffit d’ajouter à cela les
grelots joyeux des attelages, de saupoudrer le paysage d’une neige
immaculée pour comprendre aisément que chez nos amis d’outre-manche
cette fête prend une dimension toute particulière.
Ici on ne fête pas Noël mais Chrismas et c’est peut-être cela qui fait
toute la différence.
Pourtant ce n’est pas uniquement pour ces raisons qu’une délégation du
Club Pythagore de Paris s’est rendue à Londres en cette période de
fête, mais plutôt pour contacter leurs homologues anglais dans le but
de préparer une rencontre internationale regroupant tous les membres
des différents Clubs Pythagore en Angleterre, Allemagne, Belgique,
Italie et Espagne, le Club Pythagore, tout comme les bonnes volontés
n’a pas de frontière.
Cette délégation (composée par les joueurs) après avoir travaillé les
jours précédents sur l’organisation de la future rencontre
internationale réveillonne gaiement avec ses confrères britanniques au
siège du club londonien. (Le club Pythagore de Londres est domicilié à
Half moon stret, cette rue est située à l’angle de Piccadily, donc pas
très loin de Buckingham et à quelques pas de Hyde Park, c’est une des
rues les plus élégantes de Londres. Elle s’étend sur une longueur de
600 mètres de la place de Waterloo à celle de Portland et traverse
Oxford street.
Au cours de la soirée, les personnages vont faire la connaissance d’un
jeune homme charmant : William Henry Pratt, il vient d’avoir dix-sept
ans et se destine au métier de comédien. Sa présence au club Pythagore
s’explique par le fait que dans l’après-midi un arbre de Noël fut
organisé au bénéfice des enfants des membres du club et qu’à cette
occasion une pièce de théâtre fut jouée, Il s’agissait de Cendrillon,
et William Henry Pratt y tenait le rôle du « Prince Démon ».
William Henry Pratt est un jeune homme athlétique. Il mesure 1m84 et sa
stature est impressionnante. C’est un garçon fort courtois et
extrêmement sympathique. On s’aperçoit vite qu’en fait ce colosse est
un tendre, très sensible, doté d’un tempérament artistique, peut-être
un peu fantasque, voire parfois exalté, mais possédant un charme fou.
Il est orphelin et fut élevé par sa sœur « douce et aimable » et par
sept frères en revanche fort sévères. Il fait actuellement ses études
au King’s college, mais on ne peut pas dire que c’est un élève
brillant, à l’étude du latin et du grec, il préfère le théâtre, sa
passion. Dès qu’il a un moment de libre, il sillonne les rues de
Londres à la recherche d’ouvrages consacrés à cet art.
Il rêve de se rendre un jour à Paris et adore la France, c’est pour
cela qu’il va immédiatement faire assaut de courtoisie à l’égard des
personnages, il ira même jusqu’à leur donner rendez-vous pour le
surlendemain dans un théâtre de Drury Lane où il joue actuellement un
petit rôle.
Dernièrement, il fit l’acquisition chez un bouquiniste d’un dossier
ayant trait à l’alchimie. Ce dossier regroupe quelques gravures
anciennes et des feuillets manuscrits. Ces feuillets écrits par un
certain Cornélius Kraft font mention d’étranges recherches, tout du
moins c’est ce qu’affirme Pratt, qui en fît l’acquisition uniquement
parce que dans la pièce qu’il devait jouer, il tenait le rôle d’un
alchimiste.
C’est donc à titre de documentation qu’il fît cet achat, mais il ne
s’intéresse pas particulièrement à l’alchimie et, sachant que les
membres du club Pythagore manifestent un certain intérêt pour tout ce
qui touche au paranormal, c’est avec plaisir qu’il leur fera cadeau du
dossier.
26 Décembre 1904. AU THEATRE.
C’est vers les quinze heures, avant la répétition que William Henry
Pratt recevra les personnages. Aussitôt il leur remettra le dossier
trouvé chez le bouquiniste. Cette formalité accomplie il abordera
immédiatement et avec fougue le seul sujet qui l’intéresse… le théâtre
et sur ce thème le jeune homme est intarissable, il soumet les
personnages à un feu roulant de questions : que joue-t-on en ce moment
à Paris ? Quel rôle interprète un tel ou une telle ? Est-il vrai que
les salles parisiennes sont toujours pleines et que les français
adorent le théâtre ? Ne ferait-il pas mieux d’aller vivre à Paris
pendant quelques années ? etc… etc…
Que les joueurs ne comptent pas prendre connaissance du dossier sur
place, Pratt ne leur en laissera pas le temps, de plus la répétition
devant reprendre dans quelques instants, le comédien n’aura
malheureusement que peu de temps à leur consacrer. Par contre, si on
lui demande de fournir l’adresse du libraire lui ayant vendu le
dossier, il ne fera aucune difficulté pour les renseigner. Le dossier
fut acheté à la librairie du « Chien érudit » situé au n°3 de Sampson
street (voir plan en annexe 1).
Une fois revenus au siège du club Pythagore où ils sont hébergés les
personnages pourront, en toute quiétude, étudier ce fameux dossier.
Voici ce qu’il contient :
Quelques gravures (annexe 2)
Des fragments d’un journal minutieusement collés sur des feuilles
de carton.
Les premiers fragments qui constituent la majeure partie du dossier
sont des notes et considérations portant sur l’alchimie. Mais elles ne
constituent que des généralités sur ce sujet, nous ne les reproduirons
donc pas. En revanche le meneur de jeu peu fort bien en s’inspirant
d’articles ou d’ouvrages portant sur le thème constituer un véritable
dossier qu’il remettra aux joueurs. Il peut également s’inspirer de ses
connaissances personnelles en la matière, après tout rien ne dit que
parmi les meneurs de jeu de Maléfices on ne compte pas de véritables
alchimistes !
(N.D.L.R. – Si c’est le cas nous leur demanderons de prendre contact
avec la rédaction le plus vite possible).
Et maintenant prenons connaissance de ces fragments du journal de
Cornélius Kraft (voir annexe 2 bis) :
01 –
Le Saint Esprit fond
Le Père consume
Le fils est la pierre
Qui fait le spirituel
02 – Quatre ans, quatre ans déjà de recherches, la science ne suffit
pas et il est d’autres voies qui peuvent mener à la réussite, mais
elles sont plus sombres !!
03 – Galvani a peut-être raison, l’énergie invibible de l’électricité
est d’une telle sensibilité qu’il serait bien possible qu’elle agisse
au niveau le plus infime de la matière chimique, altérant et
transformant ses propriétés tout en la manipulant dans sa masse.
04 – Schwarstein mérite bien le nom de « Pierres noires » tant sa masse
est imposante et sombre, mais la batisse est en fort mauvais état :
murs écroulés, toitures éventrées, même la lourde porte cloutée est au
trois quarts pourrie.
Dans la cour les murs sont branlants, l’endroit est véritablement
retourné à l’état sauvage.
Cependant les murs ont une telle épaisseur que quelques pièces ont été
préservées.
05 – Ce matin je me suis levé à l’aube et me suis endu au village.
L’agglomération possède une modeste auberge. (mais peut-on appeler cela
une auberge). Je vais m’y établir jusqu’à ce que je réussisse à
convaincre quelques artisans de m’accompagner au château afin de voir
avec eux ce qu’il est possible de faire pour rendre habitable au moins
une partie de l’édifice.
06 – Désespoir, désespoir, à quoi bon jouer de l’orgue, Seigneur si tu
ne m’aides pas je me détournerai de toi.
07 – Je vis dans la solitude la plus complète, tous ces derniers jours
j’ai travaillé comme un forcené pour déballer et installer mon matériel
dans mon laboratoire.
08 – La charrette est une fois de plus revenue.
09 – Mon sommeil n’est possible que quand je prends du laudanum.
10 – Au village les gens me paraissent stupides et méchants, se méfiant
de l’étranger que je suis, mais j’ai pu cependant obtenir des
provisions et puis au moins ainsi je ne serai pas dérangé, c’est tout
ce que je souhaite.
11 – Jai vu cette nuit Satan assis sur un tabouret et la forme de ses
sinistres acolytes apparaissait dans les coins les plus sombres de la
chambre. Je ne sais si je dormais ou si j’étais éveillé.
12 – Mon orgue éthérique est prêt, je touche au but. C’est décidé je
pars pour Scharzstein, seuls mes travaux et la solitude de ce lieu
pourront me faire oublier le drame de ma vie.
13 – Mes forces déclinent et pourtant je suis si près du but.
14 – Les travaux vont bon train, j’ai hâte de m’attaquer à ce terrible
secret.
Au sujet des fragments du journal de Cornélius Kraft je tiens à
signaler que chacun de ces paragraphes est collé séparément sur une
feuille de carton. Rien ne vous empêche d’ailleurs de les présenter de
cette façon à vos joueurs. Par contre l’ordre chronologique n’est pas
respecté, aux joueurs donc de tenter de reconstituer cette chronologie.
Cet ordre le voici :
Paragraphe 12.4.5.7.10.3.14.1.6.2.8.9.11 et 13.
En ce qui conserne Schwarzstein, seule indication permettant de situer
le lieu où ce sont déroulés ces évèvements, sachez que cette indication
est nettement insuffisante et que quelles que soient les recherches que
peuvent entreprendre les personnages à ce sujet, il ne leur sera pas
possible de situer exactement le lieu, Schartzstein ne se trouvant sur
aucune carte. On peut, bien entendu, penser que c’est du côté de
l’Allemagne ou de l’Autriche que les recherches devraient s’orienter
mais il sera impossible de poursuivre beaucoup plus loin les
investigations.
Alors que faire ? Une seule solution, se rendre à la librairie du Chien
érudit pour tenter d’obtenir de plus amples informations.
AU CHIEN ERUDIT – 3 SAMPTON STREET (voir plan quartier).
Annexe 1.
Cette librairie est située dans un quartier assez sinistre, à quelques
pas de la Tamise. La plupart du temps et surtout en cette saison, le
quartier est plongé dans le brouillard et seuls quelques becs de gaz
diffusent une lueur jaunâtre.
Marins, filles et souteneurs constituent l’essentiel de la population
et tout ce joli monde se retrouve dans les nombreux bouges établis en
cet endroit. A première vue on se demande ce qu’une librairie vient
faire dans ce quartier, oui mais voilà, le « Chien érudit » n’est pas
une librairie ordinaire, elle est spécialisée dans l’étrange, le
bizarre, l’inquiétant et le fantastique, suréaliste avant la lettre
elle est fréqentée par toute une clientèle d’exentriques et de
marginaux. Le propriétaire des lieux en revanche est un vieil homme
jovial, rondouillard, au teint rubicond et à l’œil pétillant de malice,
il accueillera les personnages de la meilleure façon du monde. Oh ! oui
il se souvient très bien de l’excellent jeune homme qui fit
l’acquisition du dossier, par contre malgré toute sa bonne volonté il
est incapable de renseigner les joueurs à ce sujet et cela pour la
bonne raison qu’il ne fit qu’y jeter un coup d’œil distrait, le sujet
ne le passionnant pas outre mesure, mais que les gentleman ne
désespèrent pas et qu’ils rendent donc visite à son excellent confrère
Samuel Berkowicz, car c’est lui qui a confier ce dossier, les gentleman
n’ont qu’à aller le trouver à la Ghost library, elle se trouve à
quelques pas de là seulement à Choppins street (voir plan).
A la Ghost library les personnages trouveront porte close. La librairie
est fermée ce jour là. Si on se renseigne auprès des commerçants du
quartier on apprendra que Mr Samuel Berkowicz ayant pris froid à
décider de rester chez lui pour la journée, mais que dès le lendemain
il rouvrira sa boutique. Bien que le quartier soit fort malfamé on
constatera que les gens se montrent fort polis avec lmes éventuels
clients de la librairie. Dans le quartier on adore les deux librairies
et pour rien au monde on ne voudrait nuire à leur commerce. On se fait
donc un point d’honneur à ne pas effaroucher la clientèle. Malheur à
celui qui aurait la fâcheuse idée de s’en prendre à un client du Chien
érudit ou de La Ghost library, marins, prostitués ou souteneurs ou
apaches auraient vite fait de lui faire comprendre que l’on doit
respecter un honnête gentleman qui leur fait l’honneur de visiter le
quartier. C’est donc en toute sécurité que les personnages peuvent
circuler dans le quartier.
Il ne reste plus aux joueurs qu’à attendre le lendemain pour faire la
connaissance du libraire de la Ghost library.
LE LENDEMAIN MATIN
Tout le quartier est en émoi, un drame vient de se dérouler à Choppin’s
street, le vieux libraire de la Ghost library vient d’être assassiné
pendant la nuit. La police est sur les lieux. Voici exactement ce qui
s’est passé. Vers les deux heures du matin un matelot ivre passant
devant la librairie eu son attention attirée par un remue ménage
provenant de l’intérieur de la boutique, la porte du magasin étant
légèrement entrouverte il jeta un coup d’œil à l’intérieur. Il aperçut
un homme, visiblement à la recherche de quelque chose en train de
fouiller dans les rayonnages. N’écoutant que son courage, le marin se
précipita sur l’homme, mais son état d’ébriété avancé ne lui permit pas
de se rendre maître de la situation et l’homme parvint à prendre la
fuite. Au dire du matelot, c’était un homme d’une trentaine d’année,
grand, élancé, brun de peau, les cheveux gominés. « On aurait dit un
rital, oui un sale rital et moi je ne les aime pas ces métèques »
devait ajouter le matelot dans sa déclaration. Le matelot était
norvégien et je m’empresse de dire que ses déclaration n’engagent que
lui !
Il alerta les gens du quartier et bientôt la police fut sur les lieux.
L’appartement du libraire se trouve au-dessus de la librairie, du
magasin on peut y accéder par un escalier intérieur. La police s’y
rendit aussitôt, se fut malheureusement pour constater que le pauvre
homme avait été assassiné d’un coup de couteau. L’appartement avait été
mis à sac, mais visiblement l’assassin, ayant été dérangé durant ses
recherches, n’avait pu mettre la main sur ce qu’il cherchait.
Dans le quartier la colère gronde, tout d’abord parce que l’on n’aime
pas les flics et comme le dit le patron des « deux oies sur le toit »
le pub situé à quelques pas des lieux du crime : « les bobby ne sont
capables que de procurer des misères aux braves gens, mais dès qu’il
s’agit de mettre la main sur un salaud, y’a plus personne, la justice
c’est pas fait pour les pauvres, on va pas déranger un inspecteur à dix
shillings pour un brave type à deux penny ».
La aussi, je décline toute responsabilité en ce qui concerne les propos
de cet honnête commerçant. Mais cependant il faut bien reconnaître que
ses assertions ne sont pas dénuées de totu fondements. Sans cela
comment expliquer que le soir même aucun policier ne fut mis en faction
dans le quartier, alors que, sans être Sherlock Holmes, on aurait pu
penser que l’assassin n’ayant pas trouvé ce qu’il cherchait, tenterait
peut-être de revenir sur les lieux.
A l’inverse de la police, les personnages peuvent tenir ce genre dc
raisonnement et avoir envie de faire un tour cette nuit du côté de la
Ghost Library. De plus un curieux incident va peut-être les décider à
s’intéresser de plus près à cette affaire. Durant leur absence un
inconnu s’est présenté au Club Pythagore, il prétendait être cocher et
avoir été envoyé par les joueurs pour venir chercher un dossier qu’ils
auraient oublié dans leur chambre.
Est-ce un présentement où l’attitude ambigu du personnage mais le
secrétaire du club londonien trouva un prétexte pour ne pas lui
remettre le dossier. L’homme n’insista pas trop et quitta les lieux on
ronchonnant.
Ce qui établit clairement que “on” s’intéresse de près à ce dossier et
“qu’on” n’ignore pas que les membres du club Pythagore ont pris
connaissance du dit dossier.
Si les personnages veulent en savoir plus il n’existe qu’une seule
piste: la Ghost Library, pénétrer dans les lieux ne présente pas trop
do difficultés, la police se désintéressent de l’affaire, qu’elle
considère comme un banal fait-divers.
En revanche mieux vaut pour eux de ne pas se faire prendre durant leur
visite, car les gens du quartier; bouleversés par la mort du vieux
libraire ne seraient pas tendres avec eux.
LE LENDEMAIN SOIR
A LA GHOST LIBRARY.
Tout autour de la librairie les rues sont désertes, seul un pub situé à
quelques pas de là est resté ouvert. Il faut dire que le brouillard et
une pluie fine et glacé qui tombe en permanence n’incitent pas à la
promenade. Si les personnages examinent soigneusement les environs ils
s’apercevront qu’aucune personne, même dissimulée, ne se trouve sur les
lieux.
Visiblement l’assassin, contrairement au vieil adage, n’éprouve pas le
désir de revenir sur les lieux de son crime… tout du moins pour le
moment.
Crocheter la porte de la librairie ne présente pas de difficultés. Le
magasin est constitué de deux grandes pièces, les rayonnages débordent
d’ouvrages de toutes sortes, fouiller consciencieusement les lieux
prendrait visiblement des heures. Un escalier situé dans la pièce du
fond permet d’accéder à l’appartement du libraire, cet appartement
comprend : une chambre, une pièce de séjour et une cuisine.
La chambre a été laissée en l’état et présente un fouillis
indescriptible, cependant les personnages n’auront pas à chercher
longtemps pour trouver ce qu’ils cherchent, le vieux libraire avant de
mourir et pendant que son assassin fouillait la librairie de fond en
comble, a tenté de dissimuler un petit coffre sous son lit, il n’y est
parvenu qu’à moitié. Il est facile de se rendre compte de cela car on
trouve encore des traces de sang sur une des poignées du coffre. On
voit effectivement avec quel sérieux la police à mener jusqu’ici son
enquête.
Les personnages peuvent soit emporter tout simplement le coffre, soit
l’ouvrir sur place, quoi qu’il on soit voici ce qu’ils trouveront à
l’intérieur :
Une carte d’Allemagne où Schawarzstein est localisé (voir annexe
3). Sur cette carte la ville de Würtzburg est clairement indiquée.
Cette ville se situe en Basse Franconie, elle est très ancienne et date
croit-on du 1er siècle, elle devint une résidence d’évêques qui la
gouvernèrent jusqu’en 1803 où elle fut donnée à la Bavière.
Un petit village du nom de Grund est également clairement indiqué sur
la carte et à côté de ce village une croix laisse à penser que c’est à
cet endroit que se trouve Schwarzstein.
Quelques notes écrites par le libraire, en voici la teneur :
« Depuis quelques jours je suis inquiet, un homrne âgé d’environ une
trentaine d’années est venu me trouver pour me demander de lui fournir
des renseignements sur un certain Cornélius Kraft, un alchimiste du
XVIII siècle. Mon visiteur a l’air bien renseigné sur Kraft et semble
croire que je détiens certains secrets concernant cet alchimiste. Il ne
ressemble pas à ma clientèle habituelle et il y a en lui quelque chose
d’inquiétant. Ce n’est qu’une intuition mais je ne sais pas pourquoi il
me fait peur. C’est vrai que je connais certaines choses concernant
Cornélius Kraft et que je n’ignore pas quelle était la vraie nature de
ses travaux. Mais mieux vaut que ces choses du passé tombent dans
l’oubli, les faire revenir à la surface pourrait avoir des conséquences
terribles. Non décidément je ne dirai rien à mon visiteur.
Celui-ci est revenu plusieurs fois et au cours de sa dernière visite,
se rendant compte que je ne voulais rien lui dire, est entré dans une
colère terrible: Vous ne savez pas à qui vous avez affaire,
s’écria-t-il, je saurais bien vous faire parler; on ne défit pas
impunément Yul Mezarowitch, certains s’y sont risqués et ils l’ont payé
de leur vie. Puis furieux il est parti en claquant la porte.
Il ne faut absolument pas que cet homme s’empare des secrets de
Connélius Kraft, ce serait trop terrible, je me suis renseigné sur son
compte, peut-être faudra-t-il que je prenne contact avec cet étrange
club qui se trouve à Londres, Je crois môme que je m’y rendrai dès
demain ».
Une gravure représentant une sorte d’orgue assez bizarre d’aspect.
(Voir annexe 3 bis).
Voici donc les membres du club Pythagore confrontés une fois de plus à
leur vieil adversaire (voir La musique adoucit les meurtres - Maléfices
n°07 – Ed. Descartes).
Ils savent donc que la bataille sera rude et sans merci, car il n’est
pas dans les habitudes de Yul Mezarowich de faire des cadeaux à ses
ennemis et de plus on sait qu’il voue une haine mortelle aux membres du
club Pythagore.
Yul Mezarowich ne réapparaîtra pas sur les lieux du crime et quelles
que soient les recherches que l’on puisse entreprendre il sera
impossible de savoir où il demeure.
LONDRES.
Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages
: que je sais bien ce que fuis, mais non pas ce que je cherche.
Essais, Montagne.
Maintenant que les personnages ont pu localiser Schwarzstein rien ne
les empêche de s’y rendre. Je dois ajouter que prenant la chose très au
sérieux le président du club Pythagore londonien insistera pour que les
personnages tirent cette affaira au clair et s’ils prennent contact
avec Caton, le président du club français celui-ci leur demandera
clairement soit effectivement de s’occuper de l’affaire, soit de
démissionner et dans ce cas d’autres membres du club se rendraient à
Schwarzstein. Au club Pythagore on a gardé un trop mauvais souvenir de
Yul Mezarowich et on est bien décidé à tout faire pour qu’il ne puisse
plus nuire.
Pour te rendre au village de Grund et de là à Schwarzstein voici
l’itinéraire ainsi que les horaires des trains et bateaux que l’on
devra utiliser:
Würtzburg à Grund (Une journée en voiture à cheval, seul moyen de
locomotion).
C’est au personnage de choisir leurs horaires en s’organisant au mieux
pour arriver le plus vite possible.
Et maintenant examinons les péripéties de ce voyage, car, vous vous en
doutiez certainement celui-ci ne se déroulera pas de la meilleure façon
du monde.
Londres – Douvres
Tout se déroule normalement, Il est à noter que le mauvais temps
persiste.
Douvres - Calais
La traverse est relativement calme, mais nous sommes fin décembre et
bien que l’on ne puisse pas parler véritablement de tempête, le bateau
tangue sérieusement, cependant c’est à l’arrivée à Calais que les
choses vont se gâter. L’un des personnages est interpellé par un
douanier français qui lui demandera de bien vouloir le suivre dans les
bureaux de la douane. Là le personnage sera fouiller et l’on comparera
son signalement à toute une longue liste de personnes suspectes.
Si les autres joueurs l’ont accompagné dans les locaux, le douanier
ayant interpellé le personnage suggérera que l’on fouille
méthodiquement les bagages de tout le groupe. Si le manuscrit de
Cornélius Kraft se trouve dans l’un des bagages le douanier « oubliera
» de le lui rendre, bien entendu si les joueurs se rendent compte de la
manœuvre, le douanier en s’excusant le leur restituera.
Si les personnages font montre de diplomatie, le douanier chef tout en
les laissant partir leur expliquera qu’un des passagers est venu le
trouver pour lui signaler que selon lui le chef d’une bande de
cambrioleurs se trouvait à bord du bateau et qu’il lui avait nettement
désigné le personnage incriminé.
Calais- Paris
Quoi qu’il en soit à cause de cet incident, les personnages ayant été
retenus trois bonnes heures à la douane risquent fort de rater le train
pour Paris et de n’arriver dans la capitale qu’à deux heures du
matin... Si c’est le cas, à leur arrivée à Paris les abords de la gare
seront déserts et seul un fiacre dont le cocher semble sommeiller sur
son siège se trouve en stationnement. Il acceptera de les charger mais
les personnages devront se serrer un peu pour entrer tous dans la
voiture.
A quelques centaines de mètres de là le cocher va brusquement s’arrêter
dans une rue déserte et deux hommes dissimulés derrière des platanes
vont surgir et avec l’aide du cocher tenter de détrousser les voyageurs
ou plutôt de s’emparer de leurs bagages.
Ceux-ci ont tout intérêt à ne pas s’embarrasser de scrupules et à
résister vigoureusement car les trois hommes sont armés de couteaux et
n’hésiteront pas à s’en servir. La bataille doit être brève car dans le
cas contraire, n’oublions pas que nous sommes en plein Paris, la police
alertée par les gens du quartier interviendra, les hommes de mains si
l’un d’eux est capturé il affirmera avoir agi pour son propre compte et
uniquement par intérêt et il s’en tiendra à cette version des faits.
Par contre si les personnages arrivent à Paris par le train de 20h 45
rien de tout cela ne se produira et ils pourront continuer leur voyage
sans inconvénient.
Paris – Francfort
On doit prendre le train à la gare de l’Est. Le départ est fixé à 20
heures et on arrivera à Francfort le lendemain matin à 7 heures. Il est
tout à fait possible de voyager en wagon lit. Si l’un des personnages a
l’esprit d’observation suffisamment développé (jet de perception) il
remarquera que deux des voyageurs qui se trouvent dans le train, se
trouvaient également sur le bateau durant la traversée Douvres –
Calais. Il ne s’agit cependant que d’une impression et non d’une
certitude. Quoi qu'i’ en soit ces deux voyageurs, comme par hasard vont
se trouver dans le compartiment le plus proche de nos amis durant le
voyage.
Ils se nomment Jacobus GERNSTEIN et Salvatore MARCHESE, Jacobus est un
homme d’une bonne soixantaine d’années, les cheveux blancs, de petites
lunettes cerclées de fer chaussent son nez, son regard est vif et
intelligent. Il parle un français laborieux avec un fort accent
allemand, en fait c’est un juif alsacien. Son compagnon de voyage ne
peut dissimuler sa nationalité italienne, la trentaine, grand, élancé,
brun de peau et de cheveux, beaucoup d’allure, il est vêtu avec
élégance mais d’une élégance un peu tapageuse, c’est un charmeur et son
léger accent italien n’est pas étranger à ce charme.
Jacobus Gernstein et Salvatore Marchese se rendent en Allamagne à
Würtzburg, Gernstein doit enseigner à la faculté de cette ville et
Salvatore est son assistant et disciple.
Durant le voyage Salvatore va tenter de remettre une lettre à l’un des
personnages, mais cela doit être fait à l’insu du sujet, il peut par
exemple la glisser dans sa poche ou employer toute autre méthode qui
vous semblera selon les circonstances la meilleure.
Voici le texte de cette lettre :
Monsieur,
Méfiez-vous de vos amis, ceux-ci font partie d’une secte redoutable et
ce voyage n’est qu’un prétexte. En effet, vos compagnons dès votre
arrivée ont l’intention de vous immoler. La seule chance que vous ayez
de vous en sortir est de les tuer un à un. Agissez immédiatement.
Surtout ne parlez à personne de cette lettre, dès que vous l’aurez lu
détruisez-là, puis agissez sans retard.
Un ami.
Dès que le personnage aura pris connaissance de la teneur de cette
lettre, contre toute logique il va être persuadé de sa véracité. Il
détruira cette lettre et croyant ses jours en danger, sans rien laisser
paraître va tenter d’éliminer ses compagnons de voyage. Avant qu’il ne
passe à l’action (mais à la dernière seconde seulement) demander lui
d’effectuer un jet d’ouverture d’esprit, s’il le réussit et quelle que
soit la qualité de la réussite il retrouvera toute sa lucidité et ne
comprendra pas très bien son attitude. Il ne conservera aucun souvenir
ni de la personne qui lui a remis la lettre, ni du contenu de la lettre
elle-même et sera incapable d’expliquer son geste.
Si durant le voyage les personnages entament une discussion avec
Jacobus et Salvatore, ceux-ci se montreront de charmants compagnons de
voyage.
Francfort – Würtzburg
Le voyage se passe sans incident on arrive à Würtzburg à sept heures du
soir.
Jusqu’au lendemain matin il sera impossible de se rendre au village de
Grund, aucun cocher n’acceptera de transporter les voyageurs jusque-là.
N’oublions pas qu’il faut compter une journée de cheval pour se rendre
de Würtzburg à Grund. Pour louer une voiture il faudra également
attendre jusqu’au lendemain. Par contre trouver une auberge confortable
pour passer la nuit ne présente aucune difficulté.
En ce qui concerne Jacobus Gerstein et Salvatore Marchese ils prendront
congé des personnages dès leur arrivée à Würtburg car on les attend à
l’université. Pour se rendre à l’une des auberges situées en ville les
personnages devront traverser un magnifique pont de pierre qui enjambe
le Mein, ce pont est orné de statues représentant les différents
évêques qui vécurent dans cette ville depuis des siècles. N’oublions
pas que Würtzburg a toujours été une place forte du catholicisme en
Bavière, elle ne compte pas moins de vingt églises, l’Université
comprend 800 étudiants et de nombreux couvents sont établis là depuis
des siècles.
Par contre c’est dans cette cité que les juifs furent persécutés au XV
siècle et en 1616 on y brûla 300 sorcières. (Authentique, ces faits
sont rapportés dans le Grand Dictionnaire de Géographie Universelle de
Bescherelle). Cela situe l’état d’esprit qui devait régner à cette
époque dans cette ville si pieuse.
Würtzburg est une fort belle ville, cela on ne peut pas le nier, mais
elle ne respire pas la joie de vivre, de plus, bien que cela ne soit
pas formulé nettement, on n’y aime pas les français et plus ou moins
poliment on le leur fait bien sentir.
Prenons un exemple, si par hasard avant de partir pour Grund les
personnages décident le lendemain de se rendre à l’université, ne
serait-ce que pour savoir si Jacobus et son disciple en font réellement
partie, on les recevra froidement et on refusera très nettement de les
renseigner à ce sujet, prétextant que les personnes étrangères n’ont
pas à savoir si tel ou tel individu fait ou ne fait pas partie du
personnel enseignant.
Cependant à l’énoncé du nom de Jacobus Gerstein et à l’attitude
dédaigneuse de la personne interrogée on comprendra aisément que
n’étant pas catholique le dit Jacobus n’a aucune chance d’avoir été
engagé dans pareil endroit.
Nous quitterons donc cette « charmante cité » sans déplaisir, encore
faut-il pour cela trouver une voiture. Aucun cochet ni loueur
n’acceptera de se rendre à Grund et ceci pour deux raison la première
c’est qu’à Würtzburg on ne semble pas apprécier les gens de ce village,
aucune raison ne sera évoquée pour expliquer cela, la seconde c’est que
tes personnes sollicitées ne semblent avoir nulle envie de faire une
journée de cheval avec des “cochons de français”, ni de leur louer un
véhicule car c’est bien connu les français sont des “cochons de
voleurs” et l’on sait bien qu’ils ne restitueront jamais l’attelage.
On finira cependant par consentir à leur vendre une voiture et des
chevaux, mais à un prix exorbitant, surtout si l’on considère l’état de
la voiture et des chevaux.
UN CHARMANT PETIT VILLAGE.
Le voyage jusqu’à Grund sera très agréable, pour y parvenir on
traversera une grande forêt et à la tombée du jour on arrivera enfin
sur la place du village. C’est un village minuscule comprenant une
petite auberge, une église, la demeure du bourgmestre et quelques
fermes. On se rendra vite compte que ni l’aubergiste, ni le curé, ni le
bourgmestre ne font preuve d’amabilité excessive, ce qui contraste avec
la trentaine de paysans qui constituent la population du village qui
eux sont franchement hostiles. Seul l’idiot dit village, qui habite
dans une cabane un peu en dehors de l’agglomération se montre amical
(il n’est pas évident que l’on puisse distinguer immédiatement celui-ci
du reste de la population, vu le niveau intellectuel d’icelle !).
A l’exception du curé, personne ne parle bien entendu le français et
encore l’ecclésiastique ne baragouine que quelques mots do notre
langue.
L’aubergiste consentira à loger les personnages, ils disposeront de
deux grandes chambres inconfortables et froides. La qualité de la
nourriture est assortie à la qualité du logement, le repas du soir sera
constitué d’une mauvaise soupe, véritable brouet et d’un morceau de
lard rance. Ce qui ne s’explique pas d’ailleurs car à la table d’à côté
une bande de joyeux drilles fait ripaille.
Si on interroge l’aubergiste à ce sujet il répondra qu’il est désolé
(pourtant il ne le parait pas) mais il n’y a plus de cochons et
d’andouilles, cette fine réponse fera rire aux larmes les autres
convives qui, en allemand et en regardant fixement les personnages,
laisseront entendre que contrairement à ce qu’affirme l’aubergiste,
depuis l’entrée des français on ne manque ni de cochons, ni
d’andouilles. Que voulez-vous l’humour bavarois est sensiblement
différent de celui d’Alphonse. Allais ou de Tristan Bernard.
Comme on peut le voir le séjour à Grund s’annonce enchanteur.
Cependant vu la fatigue du voyage on peut penser que les personnages ne
tarderont pas à aller se coucher, de toutes manières même s’ils n’en
éprouvent pas le désir une demi-heure environ après le repas ils se
sentiront épuisés et s’écrouleront littéralement sur place.
Ils ne se réveilleront que le lendemain matin dans leur chambre. A
l’exception toutefois du personnage ayant la constitution la plus forte
(si deux personnages ont la môme constitution n’en choisissez qu’un).
Celui-ci se réveillera au milieu de la nuit.
Un silence pesant règne dans l’auberge, aucun bruit ne parvient de
l’extérieur, toutes tentatives pour réveiller ses compagnons sera
inutile, ceux-ci ont été drogués par l’aubergiste et ce n’est que le
lendemain qu’ils reprendront conscience.
Si le personnage sort de sa chambre et visite l’auberge il s’apercevra
qu’elle est vide, ni l’aubergiste, ni sa femme, ni la grosse servante
qui louche (!!) ne se trouve dans leur chambre. Si la curiosité aidant,
le personnage sort de l’auberge et visite le village il se rendra vite
compte que celui-ci est désert, pas une âme qui vive, toutes les
maisons sont vides, à l’exception toutefois de la cabane de l’idiot du
village, mais celui-ci, ivre mort, dort du sommeil du juste et ne
pourra lui-être d’aucun secours. Les écuries sont également désertes (à
l’exception de l’attelage appartenant aux personnages), visiblement
tous les habitants du village ont quitté les lieux pour une destination
inconnue.
Notre promeneur solitaire remarquera peut-être un petit détail. Cette
nuit est une nuit de pleine lune. N’ayant rien d’autre à faire le
pauvre malheureux pourra attendre le jour en contemplant le ciel, qui
est magnifique ce soir-là mais j’avoue qu’il existe des façons plus
agréables de passer une nuit blanche... ah! Il est parfois bien dur de
faire partie du club Pythagore.
Au petit matin, tout le village au grand complet va revenir, aucune
explication ne sera fournie aux personnages, c’est tout juste si
l’aubergiste consentira à dire que chaque année tout le village se rend
à une ville voisine pour participer à une fête, explication qui ne
tient pas debout car la plus proche agglomération se trouve à plus
d’une journée de cheval et qu’il est donc absolument impossible de
faire l’aller-retour dans la nuit. Cependant l’aubergiste obstinément
ne fournira aucune autre explication. Si on accuse l’aubergiste d’avoir
“endormi les personnages ê l’aide d’un somnifère quelconque, Il niera
les faits avec véhémences et les menacera de les jeter dehors. Il en a
par-dessus la tête de ces « cochons de français » qui ne viennent ici
que pour créer des ennuis. Les quelques consommateurs qui assisteront à
la scène approuveront l’aubergiste et s’indigneront de l’attitude
arrogante de ceux-ci.
La situation des membres du club Pythagore va devenir intenable, en
effet il leur est à présent difficile de continuer à prendre leur repas
dans cette auberge et aucun villageois ne leur offrira bien entendu
l’hospitalité, jusqu’au prêtre qui, bien que désolé, oui franchement
désolé, prétextera le manque de place pour ne pas les loger. Quant au
bourgmestre, pris par de multiples et importantes occupations il ne lui
est pas possible de recevoir les personnages.
Dans ce cas peut-être auront-ils envie de quitter le plus vite possible
le village et de se rendre immédiatement à Schwarzstein, la demeure des
« pierres noires». N’oublions pas qu’ils ne connaissent pas exactement
l’endroit ou se situe cette demeure. S’ils interrogent à ce sujet les
habitants de Grund, ceux-ci vont se montrer encore plus hostiles. Un
petit attroupement va se former sur la place du village, la foule
commence à gronder, des insultes fusent de toutes parts, quelques
pierres sont lancées et il faudra l’intervention du bourgmestre pour
que les esprits se calment un peu. Ce dernier va intimer l’ordre aux
personnages de quitter les lieux immédiatement et de ne plus jamais
revenir : « On n’a pas besoin de gens comme eux dans le village, on a
déjà assez souffert, fichez le camp tout de suite où je ne réponds plus
de rien ».
Certains villageois arrivent d’ailleurs sur la place armés de piques et
de fusils, l’aubergiste jette leurs bagages dehors, la situation
devient vraiment dangereuse, mieux vaut pour les personnages de
décamper en vitesse, après avoir chargé en catastrophe leurs bagages
sur leur voiture. Au fond de la place l’idiot du village contemple la
scène en poussant des cris de joie. Il ne manquera pas, en souvenir de
Grund, de jeter des pierres sur leur passage.
NOTE
Les personnages peuvent fort bien demander des renseignements sur
Scharwzstein dès leur arrivée, dans ce cas les habitants du village
éluderont la question, mais l’émeute aura quand même lieu le lendemain
sous n’importe quel prétexte, à vous de trouver ce prétexte. Quelques
minutes plus tard les voici donc loin de toute cette agitation,
cheminant sur une petite route de campagne, dans les arbres les oiseaux
chantent gaiement, un chaud soleil brille (enfin), le paysage est
charmant mais il n’empêche que les joueurs ignorent toujours où
Scharwzstein est situé, aucun habitant de Grund ne les ayant renseignés
à ce sujet.
SI SCHARWZSTEIN M’ETAIT CONTE.
Au loin venant en sens inverse, une voiture à cheval approche, elle est
conduite par un jeune homme d’une trentaine d’années, à ses côtés un
homme plus âgé agite gaiement son chapeau en signe de bienvenue, ne
serait-ce pas Messieurs Salvatore Marchese et Jacobus Gerstein, mais
oui ce sont bien eux… qu’elle étrange coïncidence. Il est peut-être
temps que je vous fournisse quelques détails sur ces deux honorables
gentlemen.
Bien que très érudit Jacobus Gerstein n’est nullement professeur, tout
du moins aucun titre ne vient sanctionner son savoir et cela d’autant
plus qu’à ma connaissance il n’existe pas de diplômes concernant la
magie noire et la sorcellerie, si cela était, par contre on pourrait
être certain que Gerstein serait au moins agrégé en ces matières.
Aucune comparaison ne peut être faite entre cet homme et un quelconque
rebouteux ou sorcier de village. Jacobus Gerstein s’est entièrement
voué au mal et cela depuis des années. Il a consacré sa vie à l’étude
de la magie noire. On voit à quel point c’est un dangereux adversaire
que les membres du club Pythagore vont avoir à combattre. Car Geinstein
n’est venu là que pour s’opposer à leurs recherches et cela par tous
les moyens. Pour comprendre ses motivations, il nous faut remonter
jusqu’au 21 octobre, date à laquelle Gerstein fit la connaissance de
Yul Mezarowitch (voir portrait ci-contre), les deux hommes se
rencontrèrent à Londres et sympathisèrent immédiatement !
A cette époque Mozarowitch venait de mettre la main sur une importante
partie du journal de Cornélius Kraft, grâce à son réseau d’informateurs
il apprit que des documents concernant le secret de Schwarzstein et des
fragments du journal de Cornélius Kraft se trouvaient à la Ghost
library, la suite on la cannait.
Mais, une fois de plus, les membres du club Pythagore allaient se
trouver sur son chemin et s’opposer à ses projets. Furieux Mozarowitch
décida une fois pour toute de venir à bout du club Pythagore mais il
lui était totalement impossible de quitter Londres en ce moment.
NOTE
Mozarowitch est obligé de rester à Londres pour s’occuper d’une affaire
extraordinaire durant laquelle il sera opposé au plus fameux détective
de son temps... un certain Sherlock Holmes. Cette affaire sera quelques
années plus tard classée par Watson sous le nom de « L’affaire du
scorpion andalou ». Dans ses mémoires, Holmes devait écrire au sujet de
Yul Mezarowitch « Cet homme représentait pour moi le mal à l’état pur
et la principale difficulté que je devais rencontrer dans l’affaire du
scorpion andalou fut que je crus pendant un certain temps avoir affaire
à Moriarty. Quand je me rendis compte de mon erreur et que j’appris à
mieux connaitre mon adversaire je m’aperçus que je n’y gagnais pas au
change ».
Mais revenons à l’affaire qui nous concerne. Mezarowitch chargea
Gerstein de suivre les membres du club Pythagore dans leur déplacement,
cela était d’autant plus facile que Yul savait que la clef de l’énigme
se trouvait à Schwarstein, les documents qu’il possédait indiquant le
lieu très clairement. En revanche il ignore tout du maniement de
l’orgue éthérique et c’est des explications sur ce sujet qu’il espérait
trouver à la Ghost library. En fait Mezarowitch a tué ce pauvre
libraire pour rien, mais connaissant l’homme je ne pense pas qu’il en
éprouve un profond remord.
NOTE
En ce qui concerne l’amoralité et la cruauté de Meazarowitch, je n’en
veux pour preuve que cette anecdote. Un jour qu’il assistait à une
représentation de Faust à l’opéra, trouvant que le ténor, un certain
Giovanni Felipe Palanchini, chantait sa partition un ton trop bas, il
lui on fit la remarque, Palanchini le prit très mal et insulta
Mezamwitch, celui-ci sur le moment ne dit rien, mais le fit enlever
quelques jour plus tard et lui fit subir une légère intervention
chirurgicale. Depuis le malheureux chanteur chante nettement quelques
tons au-dessus.
Gerstein on compagnie de son disciple veille, quelques heures avant les
devait donc partir pour Schwarstein, éliminer les membres du club
Pythagore et si possible se rendre maitre du secret des “Pierres
noires”, secret qu’à son retour on Angleterre il devait partager avec
Mezarowitch.
J’aurais aimé vous expliquer dès maintenant le mystère de Schawrstein,
mais je vois que la voiture de Gerstein et de Marchese approche et
qu’ils vont rencontrer nos amis du club Pythagore, remettons donc si
vous le voulez bien ces explications à plus tard et portons nous à leur
rencontre.
Quelle heureuse coïncidence s’écria Jacobus dès qu’il reconnut les
personnages, des gens si charmants, c’est un véritable plaisir de vous
revoir, mais que faites-vous donc ici ? Non, non ne dites rien, allons
plutôt nous rafraîchir à l’auberge de Grund, c’est un si charmant petit
village.
Je doute que les joueurs acceptent l’invitation et je ne sais s’ils
vont raconter leurs mésaventures aux deux hommes, qui doivent d’ores et
déjà leur paraître suspect.
En fait les joueurs peuvent réagir de deux façons, soit ils ne disent
rien et après quelques échanges de banalités tout le monde se quitte,
Jacobus et Marchese indiqueront cependant avant de partir qu’ils ont
l’intention de séjourner au village de Grund quelques jours, étant dans
la région pour faire des recherches concernant la botanique, soit, les
personnages font état en tout ou partie de leurs malheurs et les deux
voyageurs s’indigneront et offriront spontanément leur aide, ils sont
par exemple tous prêts à se rendre au village pour aller leur acheter
des vivres et à les leur ramener immédiatement ou à leur rendre
quelques services que ce soit.
Ainsi c’est sans aucune réticence qu’ils indiqueront, si ceux-ci le
leur demandent, le chemin pour se rendre à Schwarstein.
Quelle que soit la façon dont va se dérouler l’entrevue, les deux
groupes vont finir par se quitter, Jacobus et Marchese se rendant à
Grund et les personnages au domaine des “Pierres noires”. Si les
personnages se sont fait indiquer leur chemin comptez qu’il leur faudra
environ trois heures pour s’y rendre, s’ils ne connaissent pas
exactement la bonne direction comptez largement le double.
Je vais profiter des quelques heures durant lesquelles les joueurs vont
cheminer vers Schwarstein pour vous donner des détails sur le plan de
Jacobus. Celui-ci en compagnie de son assistant est en fait arrivé dans
la région depuis la veille, quelques heures avant les personnages, il a
immédiatement pris contact avec l’aubergiste de Grund et en échange
d’une somme rondelette il a pu obtenir la complicité de celui-ci. Sur
les instigations de Jacobus l’aubergiste a “endormi” les personnages.
Jacobus et son assistant sont alors revenus à l’auberge et ont pu en
toute tranquillité fouiller les bagages des voyageurs et prendre
connaissance du « dossier »; Cela leur a permis de se rendre compte
qu’en fin de compte ceux-ci ignoraient tout du maniement de l’orgue
éthérique.
Ensuite Jacobus a mis en action la seconde partie de son plan, qui
consiste à laisser les joueurs se rendre au domaine des “pierres
noires”, en espérant que ceux-ci finiraient par découvrir la solution
du mystère. Cela n’empêche pas cependant tout au long de ces recherches
de leur causer le plus de désagrément possible.
Il ne restera plus ensuite à Jocobus et à son assistant, une fois
l’opération terminée, qu’à éliminer les survivants.
Avant de quitter l’auberge Jocobus se livre à quelques pratiques de
magie noire.
Le premier sort qu’il lance doit créer au moment où le sorcier le veut,
un sentiment de panique irrépressible chez les personnages.
Malheureusement pour Jacobus il ne maitrise pas entièrement ce sort et
ne parvient que de justesse, pour éviter le choc en retour, qu’à en
disperser les effets. Cela crée une vague de terreur qui se répand dans
tout le village et qui a pour conséquence de faire fuir tous les
habitants. Ceux-ci, comme nous l’avons vu, ne devaient regagner le
village qu’au petit matin. Les villageois ignorant tout de la visite de
Jacobus rendirent les étrangers responsables de cet état de choses et
décideront de les expulser manu militari, c’est ce qu’ils firent dans
la matinée.
Jacohus et Salvatore voyant leur tentative échouer quittent promptement
les lieux, cependant avant de partir, Jacobus dissimule dans les
bagages d’un des personnages (à vous de le choisir) un parchemin et une
petite fiole. Sur le parchemin il est écrit:
« Je suis ton ami et je veille sur toi pour te protéger, bois le
contenu de cette fiole, ainsi il te sera aisé de venir à bout de celui
qui veut ta perte. J’ai nommé (nom du joueur que vous aurez choisi
comme victime). Attends ton heure et élimine-le proprement. Là est le
salut. »
NOTE
Le personnage qui va lire ce parchemin va être immédiatement influencé.
Pour lui ce qui est écrit sur cette lettre est parole d’évangile et
rien ni personne ne pourra mettre en doute la véracité de ces propos.
Ce sort ne dure que trois heures. Prenant pour argent comptant la
teneur de cette lettre, le personnage, à l’insu des autres va boire le
contenu de la fiole, ce qui aura pour effet de décupler ses forces.
Durant trois heures il aura une force égale à celle d’un ours furieux
(cela se traduit en termes de jeu par + 5 à son aptitude physique,
habileté, constitution et perception). Les deux sorts employés par
Jacobus sont expliqués en détail dans le Bestiaire (numéro spécial
Maléfices, Ed. Descartes). Il s’agit des deux sorts intitulés: La plume
du corbeau et l’élixir de la Galipote.
Durant les trois heures suivantes la personne “sous le charme” n’aura
plus qu’une idée on tête, tout mettre on œuvre pour éliminer son
ennemi, mais si possible sans témoin. Cependant, si elle n’y parvient
pas elle n’hésitera pas en fin de compte à se jeter sur son adversaire,
malgré la présence de témoins.
Dès qu’ils eurent quittés le village, Jacobus et Salvatore se rendirent
au triple galop à Schwarstein où durant le reste de la nuit ils
préparèrent quelques “joyeusetés” à l’intention des membres du club
Pythagore, puis rebroussant chemin ils vinrent à leur rencontre,
ensuite Ils retournèrent au village pour prendre un repos bien gagné.
Rejoignons maintenant nos amis qui viennent enfin d’arriver aux abords
du domaine des « pierres noires ».
Le château de Schwarzstein fut longtemps abandonné et il domine
orgueilleusement les forêts environnantes. A la droite du château on
peut apercevoir les vestiges d’un “chemin de rondes”. Sa masse
imposante et sombre se découpe sur le ciel et les parties écroulées le
font ressembler à quelques monstres de l’ancien temps.
La construction est en fort mauvais état et l’on voit le ciel au
travers des fenêtres, la poterne est obstruée par la végétation et par
des débris de toutes sortes. La porte de bois cloutée est aux
trois-quarts pourrie. La cour intérieure dans laquelle les personnages
vont pénétrer n’est pas en meilleur état, la végétation ayant tout
envahi, curieusement les vestiges de deux épouvantails se trouvent en
plein milieu de la cour. Face à l’entrée se trouve le corps
d’habitation principale, également en piteux état, seules quelques
pièces ont été préservées, les étages supérieurs sont inaccessibles
(vous trouverez en annexe le plan du rez-de-chaussée, les pièces
mentionnées sur ce plan sont les seules accessibles, tout le reste
n’est que ruine et désolation). (annexe 4).
Voyons en détail les pièces du rez-de-chaussée :
Entrée - Porte en bois cloutée. Elle obstrue plus qu’elle ne
ferme l’entrée. Si deux personnes tentent ensemble de l’ouvrir, elles y
parviendront, une seule personne ni suffirait pas. Il y a de fortes
chances pour que la porte s’écroule avec fracas.
Salon - En très mauvais état, pratiquement inhabitable. Quelques
meubles se trouvant dans cette pièce tombent en poussière.
Autre salon - Même état que le précédent.
Petit cabinet de travail- Il n’en reste pas grand-chose, un
fauteuil, un petit bureau, une bibliothèque, le tout en piteux état.
Des papiers jonchent le sol mais la pluie, les intempéries et les rats
les ont rendu illisibles. Au sujet des rats on pourra constater qu’ils
sont encore fort nombreux et courent dans tous sens.
Vestibule - Mauvais état également.
Salle à manger - Dans un vaisselier on trouve encore de la
vaisselle intacte aux chiffres de V.E. Certains meubles portent
également ces initiales. La pièce est relativement an bon état.
Salle de travail - C’est nettement la place la mieux préservée
des atteintes du temps. On y trouve un grand bureau et une armoire
monumentale prenant tout un pan de mur. L’armoire porte également les
initiales V.E
Chambre - Place particulicrement sale et dégradé. On y trouve les
restes d’une paillasse pourrie, dégageant une odeur forte de moisi, sur
cette paillasse un squelette dc petite taille. De nombreux rets courent
dans la place.
WC. - Je ne conseille pas aux personnages de l’utiliser.
Office - En ruine.
Cuisine - Très mauvais état, contient des cornues et autres
objets en verrerie, tous brisés. L’évier est rongé par les acides.
Visiblement cette cuisine servit de laboratoire.
Laverie - Pratiquement inaccessible.
WC. - Même état que l’autre.
Maintenant que nous avons procédé à l’état des lieux du château de
Schwarstein, voyons ce que l’on peut y trouver.
Si les personnages examinent attentivement le petit cabinet de travail
(pièce N 4) ils trouveront dans le petit bureau quelques notes qui
visiblement semblent constituer une suite aux notes qu’ils détiennent
déjà. Toutefois je tiens à vous signaler qu’on remarquera tout de suite
que ces notes n’ont pas été écrites de la même main.
En voici la teneur :
Ce 8 avril,
Igor est revenu. Grâce à quelques pots-de-vin judicieusement
distribués, il m’a ramené, si je puis dire, une cargaison de premier
choix.
Ce 29 juillet,
Je ne me suis jamais senti aussi bas de tous cas derniers mois. C’est
même pire qu’au moment de la mort d’Igor. Dieu ait son ! J’ai la
terrible impression d’être sur le point de ne pouvoir résister
davantage aux hordes sataniques qui m’investissent maintenant, même
durant le jour. Elles ne me laissent pratiquement plus de répit, et je
commence à craindre pour notre sécurité. Tout cela est bien réel,
hélas, et n’est pas que le seul fruit de mon imagination.
Ce 28 août,
Encore une nuit sans fin et pleine d’angoisse. Je m’étais imaginé que
mes démons m’avaient quitté et n’étais pas sur mes gardes; mais ils
sont revenus plus effrayants et infernaux que jamais, et chaque
cauchemar dans lequel ils me plongent était plus affreux que le
précédent. Je crus voir mon père au milieu d’une foule d’apparitions
répugnantes, agitée d’obscènes cabrioles. L’odeur en provenance du
laboratoire, infecte, nauséabonde, semblait émaner de l’enfer même.
Mais elle persista avec l’arrivée du jour; et l’idée d’avoir à
l’affronter de plein fouet me rend malade, c’est pourtant aujourd’hui
qu’il faut que je... (la suite visiblement rongée par les rats manque).
Sans aucune indication de date,
Dire que je n’en ai certainement que pour quelques heures à vivre et
que j’ai soulevé le coin du voile, je suis l’égal d’un dieu, mais cette
découverte je vais la payer par la perte de ma vie et de.....
(Là aussi un rat facétieux dévora le reste du manuscrit.., quel dommage
!!).
Si les personnages se rendent dans la salle de travail (pièce n 7) et
qu’ils examinent de plus près l’armoire, ils verront comme nous l’avons
déjà dit que les deux portes de l’armoire sont constituées de deux
panneaux de bois avec sur l’un des panneaux les lettres VE sculptées en
relief.
Il suffit de tirer à soi ces lettres pour qu’une partie du dallage
située à droite de l’armoire se mette à glisser; révélant quelques
marches qui vont les conduire à une petite pièce située juste on
dessous de la salle de travail.
Dans cette pièce se trouve l’orgue éthérique on parfait état de
conservation (voir annexe 5 bis). Sur le clavier de cet orgue un
parchemin est posé sur lequel il est écrit :
Enfant ton avenir est comme une rose, mais en grandissant les passions
et les désirs couvriront ton front du rouge de la honte et de
nombreuses années seront nécessaires avant que tes yeux ne se tournent
vers le soleil. Enfin vieillard tu connaîtras le calme et le repos
pareil au bleu profond de la nuit.
L’orgue est un véritable petit chef-d’œuvre artisanal, tous ses tuyaux
constitué de touches de couleur sont en cristal et sont remplis de
liquide de couleur: rouge, vert, jaune, bleu et rose, le clavier de
l’orgue est également constitué de touches de couleur correspondant aux
tuyaux.
Curieux instrument que cet orgue, est-ce un instrument de musique ou
une sorte de gigantesque instrument de laboratoire, quelle symphonie
liquide peut-on jouer sur cet orgue et surtout à quoi sert-il ? Et
comment s’en sert-on ?
NOTE
En ce qui concerne son mode d’emploi, je crois que le parchemin est
assez éloquent. Reprenons ce texte: Enfant ton avenir est comme une
ROSE (appuyez donc sur une des touches roses du clavier de l’orgue)
mais en grandissant les passions et les désirs couvriront ton front du
ROUGE (touches rouges) de la honte et de nombreuses années seront
nécessaires avant que tes yeux ne se tournent VERT (la faute
d’orthographe est bien entendu volontaire, donc appuyez sur l’une des
touches vertes) le SOLEIL (là l’auteur de ce texte procède par
allégorie, c’est la couleur jaune qui est indiquée bien entendu) enfin
vieillard tu connaitras le calme et le repos pareil au BLEU (touches
bleues) profond de la nuit.
Le code est donc: rose, rouge, vert, jaune et bleu. C’est dans cet
ordre que l’on doit appuyer sur les touches du clavier de l’orgue. Si
cet ordre est respecté les tuyaux se videront lentement, mais rien
d’autre ne se passera pour l’instant, où ces mystérieux liquides
sont-ils allés et à quoi sont-ils destinés ?... mystère.
Par contre, si ce code de couleur n’est pas respecté l’orgue va émettre
des sons stridents absolument insupportables.
En termes de jeu cela va se traduire de la façon suivante : Demander à
chaque joueur d’effectuer un jet de constitution. Résultat A et B,
aucun dommage n’est subi. Résultat C, perte de 1 pt de constitution.
Résultat D, perte de 2 pts de constitution. Echec, perte de 4 pts de
constitution Pour chaque essai non conforme procéder de la même manière
mais en augmentant chaque fois de 1 pt les dégâts sur la constitution.
Les autres pièces du château ne présentent aucun intérêt.
Une bonne heure va passer sans qu’il ne se passe quoi que ce soit, mais
passé ce délai on entendra, comme venant du sous-sol des coups sourds,
ces coups proviennent du petit cabinet de travail (pièce n 4) dans
cette pièce se trouve une cheminée et visiblement enfoui sous terre
quelqu’un tente de se frayer un passage pour regagner la surface. La
cheminée est obstruée par des blocs de pierres, si on enlève ces blocs
on remarquera qu’il est pratiquement certain que cette cheminée donne
accès à un passage secret. Ce passage devant déboucher sur une pièce
située en dessous, car c’est de là que le bruit provient. Si l’on prête
l’oreille on aura la nette impression que quelqu’un mu par l’énergie du
désespoir tente de dégager ce passage pour sauver sa vie. Les bruits se
rapprochent, on entend maintenant dos gémissements et des sanglots.
Rien n’empêche les membres du club Pythagore de dégager le passage de
leur côté pour permettre à ce pauvre homme de revoir la lumière du
jour. Dès que les personnages se mettront au travail, la personne
enterrée vivante va redoubler d’ardeur. On entend nettement maintenant
ses cris et ses halètements.
Allons encore un effort, que les joueurs ne ménagent pas leur peine,
une vie humaine est en jeu, les pierres s’écroulent, enfin un pan de
mur est dégagé, l’orifice s’élargit, plus qu’un ultime effort, la
pauvre créature va enfin pouvoir refaire surface, respirer à nouveau un
air vivifiant et cela grâce aux membres du club Pythagore. Ah! Les
braves gens qu’ils soient remerciés, les dernières pierres sont
fébrilement dégagées, l’ouverture s’élargie, ouf ça y est, enfin après
plus d’un siècle de sommeil et grâce à nos amis... Frankenstein
réapparait !!
Je crois qu’il est grand temps que je vous livre tous les secrets du
château des “pierres noires”. Ce château, depuis les temps les plus
recules a toujours appartenu à la famille Frankenstein, c’est là
qu’après la mort tragique de son épouse Viktor Frankenstein se retira
pour poursuivre ses travaux, travaux qui devaient aboutir à la création
du monstre que tout le monde connait. Les premières victimes de ces
travaux furent les habitants du village de Grund et c’est aussi dans ce
village que par la suite le monstre devait sévir. Les années passèrent,
le docteur Frankenstein et ta créature moururent. Mais les mythes ne
sont-ils pas éternels, plus tard, beaucoup plus tard Cornélius Kraft
mit la main sur les papiers de Viktor Frankenstein, Il établit un
dossier et recopia en partie les écrits du docteur. Comment ce fameux
dossier devait en partie échouer à la Ghost library et en partie dans
les mains de Yul Mezarowitçh, personne ne peut le dire (Note de
l’auteur : Même moi j’ignore totalement comment les choses se sont
passées !!).
Mais les mythes sont puissants et leurs cheminements imprévisibles,
sinon comment expliquer qu’aujourd’hui et à leur insu, les membres du
club Pythagore viennent sans le vouloir de ressusciter l’un des plus
formidables monstres que l’humanité ait connu, j’ai nommé Frankenstein.
Comment cela a-t-il pu se produire; c’est fort simple, Viktor
Frankenstein avant de mourir parvint à reprendre le contrôle de sa
créature et à la plonger dans le sommeil, un sommeil éternel, mais il
n’eut pas le courage de la détruire totalement et grâce à l’utilisation
de son orgue éthérique il permit aux hommes de lui redonner vie un
jour. Usé par l’abus des drogues de toutes sortes il mourut le jour
même.
Toutes les allusions à des puissances soi-disant infernales, n’ont
aucune existence réelle et ne sont dues qu’à l’abus des drogues.
Frankenstein, le monstre, n’est donc pas mort, mais plutôt en état de
non-vie, attendant seulement que l’on veuille bien, grâce à l’orgue
éthérique, lui réinsuffler les substances énergétiques qui lui
permettront de revivre. C’est ce que les membres du club Pythagore
viennent de faire sans le vouloir.
Les voici donc face à la créature, disons tout de suite que celle-ci
n’est pas spécialement animée de bonnes intentions.
Frankenstein, comme tout le monde le sait n’est pas doté d’une
intelligence supérieure, c’est le moins que l’on puisse dire.
De plus l’espace humaine ne lui inspire pas véritablement confiance,
donc, sortant tel un père noël de la cheminée, il va immédiatement
s’attaquer aux personnages, plutôt pour fuir d’ailleurs que pour les
éliminer. En fait ce qu’il va tenter de faire c’est de gagner la
sortie. Si les personnages s’y opposent, il est évident qu’il
n’hésitera pas à employer se terrible force physique pour s’évader du
château. Discuter avec lui ne sert à rien, surtout en ce moment. Si les
joueurs disposent d’armes à feu ils s’apercevront rapidement que
celles-ci n’ont aucun effet sur le monstre, qui, il faut bien le dire,
est pratiquement indestructible, sauf par le feu. Dès que Frankenstein
aura pu gagner la sortie qui est proche d’ailleurs (voir plan du
château) il va s’enfuir dans la campagne, quelques minutes vont passer
puis on entendra nettement des cris et les grognements et l’on verra
réapparaitre le monstre poursuivi par deux épouvantails armés de faux.
NOTE
D’où sortent-ils ? Comme nous l’avons vu, deux épouvantails se
trouvaient dans la cour intérieure du château, ils ne sont là que
depuis la veille et ont été fabriqués de toute pièce par notre ami
Jacobus. Bien entendu ce ne sont pas des épouvantails ordinaires, mais
ce que l’on appelle en termes de magie des épouvantails gardiens. Ils
sont conçus soit pour interdire l’accès d’un lieu, soit pour empêcher
que l’on quitte un lieu. Ceux qui se trouvent ici font partie de la
deuxième espèce. Ils n’interviennent que quand leur créateur, le
sorcier, les « activent », tant que ce n’est pas le cas ce sont
d’inoffensifs, épouvantails. Jacobus et son acolyte se trouvent
présentement aux alentours du château. Voyant sortir une créature
humaine, Jacobus a donné vie à ses épouvantails, son plan étant, grâce
à eux d’éliminer toute personne sortant des « pierres noires » puis de
se rendre au château pour s’emparer des secrets qu’auraient pu
découvrir les visiteurs.
Quelques secondes suffiront au sorcier, voyant Frankenstein, pour qu’il
comprenne sa tragique méprise, le mystère des « pierres noires » vient
de lui être révélé, cette demeure donc ne détenait aucun trésor, ni ne
renfermait quelques sombres mystères concernant la magie ou l’alchimie.
Schwarzstein n’était pas un haut lieu des sciences occultes, mais
simplement le berceau dc Frankenstein, la pouponnière médiévale du
monstre, que, sans le vouloir, ces imbéciles du club Pythagore viennent
de tirer de son sommeil, eh bien qu’ils se débrouillent avec lui et
avec las épouvantails gardiens, qu’ils périssent ou qu’ils éliminent le
monstre, peu importe, Jacobus s’en fiche comme de son premier bâton de
sorcier. Il va décamper en vitesse, regagner Londres et poursuivre ses
chères études, après tout il a encore de nombreuses années devant lui
et puis on peut encore faire tant de mal autour de soi. Adieu Jacobus,
adieu Salvatore, disciple zélé, bon voyage, je n’irai tout de même pas
jusqu’à ajouter que Dieu vous garde. Je ne pense pas qu’en ce qui vous
concerne cela soit la bonne formule.
Voici nos personnages confrontés à une bien pénible et bien dangereuse
situation. D’un côté les épouvantails gardiens, de l’autre
Frankenstein, la bataille risque d’être confuse.
Examinons la situation de plus près.
Les joueurs ne combattent que les épouvantails gardiens qui eux,
frappent sur tout ce qui bouge. Dans ce cas, au bout d’un petit moment
Frankenstein, bien que peu intelligent (son Q.I. étant sensiblement
égal à celui d’un footballeur professionnel, oui je sais ce n’est pas
de moi mais de Desproges) va se rendre compte que, après tout, eux pas
méchants, eux pas boum boum sur la tête à Frankie, moi arrêter de taper
sur eux et moi arrêter de me servir d’eux comme bouclier contre
monsieur en pailles (nous sommes en 1900 et non en 1991, les boucliers
humains employés sur les lieux stratégiques ne sont heureusement pas
encore à la mode).
On peut dans ce cas envisagés une association Frankenstein / Membres du
club Pythagore, on croit rêver !!
Soit, les joueurs tapent eux aussi sur tout ce qui bouge, la
seule excuse étant que vu la situation, ils ont perdu tout discernement
et que leur Q.I, momentanément plafonnent au niveau des amateurs du
ballon rond (des Thierry Roland en quelques sortes), ce que je ne leur
souhaite pas, qu’elle horreur !! Dans ce cas ils auront à affronter et
les épouvantails et Frankenstein. Les deux adversaires des membres du
club Pythagore ont un point commun, ils ne peuvent être détruits que
par le feu.
Si les personnages s’attaquent aux épouvantails de cette manière,
ceux-ci seront détruits en quelques minutes, mais durant ce laps de
temps ils tenteront d’attraper les joueurs et de bruler avec eux. Quant
à Frankenstein il éprouve une peur panique à la vue de la moindre
flamme et va s’enfuir dès l’apparition d’une torche. Que voulez-vous il
garde un trop mauvais souvenir de tout ce qui brule.
Par contre, si les personnages ont fait preuve d’un minimum d’humanité
envers lui, il tentera de les protéger des attaques des épouvantails.
Dans le fond Frankenstein est un brave bougre.
Cependant comme tout animal marqué par la cruauté des hommes, une fois
le combat terminé, il ne se laissera pas approcher (encore moins si
l’on n’a pas tenté de nouer le moindre contact avec lui).
C’est en pleurant et en gémissant qu’il repoussera les tentatives
d’approches, sans trop de brutalité toutefois. Il quittera le château
et de sa démarche incertaine, portant sur ses larges épaules toutes la
misère humaine, il s’enfuira. Bébé grotesque chargé de toutes nos
haines et de toutes nos rancœurs et qui ne peut comprendre pourquoi
l’homme est ainsi fait. Va Frankenstein, pauvre créature innocente et
que... Dieu t’accompagne.
Quant aux membres du club Pythagore ils ne le leur reste plus qu’à
retourner en Angleterre.
Annexe 2 bis
Le Saint Esprit fond
Le Père consume
Le fils est la pierre
Qui fait le spirituel
Quatre ans, quatre ans déjà de recherches, la science ne
suffit pas et il est d’autres voies qui peuvent mener à la réussite,
mais elles sont plus sombres !!
Galvani a peut-être raison, l’énergie invibible de
l’électricité est d’une telle sensibilité qu’il serait bien possible
qu’elle agisse au niveau le plus infime de la matière chimique,
altérant et transformant ses propriétés tout en la manipulant dans sa
masse.
Schwarstein mérite bien le nom de « Pierres noires » tant sa
masse est imposante et sombre, mais la batisse est en fort mauvais état
: murs écroulés, toitures éventrées, même la lourde porte cloutée est
au trois quarts pourrie.
Dans la cour les murs sont branlants, l’endroit est
véritablement retourné à l’état sauvage.
Cependant les murs ont une telle épaisseur que quelques
pièces ont été préservées.
Ce matin je me suis levé à l’aube et me suis endu au village.
L’agglomération possède une modeste auberge. (mais peut-on appeler cela
une auberge). Je vais m’y établir jusqu’à ce que je réussisse à
convaincre quelques artisans de m’accompagner au château afin de voir
avec eux ce qu’il est possible de faire pour rendre habitable au moins
une partie de l’édifice.
Désespoir, désespoir, à quoi bon jouer de l’orgue, Seigneur
si tu ne m’aides pas je me détournerai de toi.
Je vis dans la solitude la plus complète, tous ces derniers
jours j’ai travaillé comme un forcené pour déballer et installer mon
matériel dans mon laboratoire.
La charrette est une fois de plus revenue.
Mon sommeil n’est possible que quand je prends du laudanum.
Au village les gens me paraissent stupides et méchants, se
méfiant de l’étranger que je suis, mais j’ai pu cependant obtenir des
provisions et puis au moins ainsi je ne serai pas dérangé, c’est tout
ce que je souhaite.
Jai vu cette nuit Satan assis sur un tabouret et la forme de
ses sinistres acolytes apparaissait dans les coins les plus sombres de
la chambre. Je ne sais si je dormais ou si j’étais éveillé.
Mon orgue éthérique est prêt, je touche au but. C’est décidé
je pars pour Scharzstein, seuls mes travaux et la solitude de ce lieu
pourront me faire oublier le drame de ma vie.
Mes forces déclinent et pourtant je suis si près du but.
Les travaux vont bon train, j’ai hâte de m’attaquer à ce
terrible secret.