Menace Insidieuse

Le monde est plein d’endroits dangereux et l’Empire ne fait pas exception à cette règle. Il est sans arrêt assailli de toutes parts par ses ennemis, malgré la puissance de ses armées, malgré les patrouilles qui surveillent les routes et les rivières et malgré les répugateurs qui accomplissent leur devoir sans relâche.

L'Empire est parfois menacé par de grandes invasions d’hommes du Nord, d’orques et d’autres ennemis, mais ce sont les menaces insidieuses et perpétuelles qui se dissimulent au cœur des villes et dans les profondeurs des forêts qui tourmentent vraiment l’esprit des dirigeants. Sous le mince vernis de la civilisation, de sinistres cultes s’emploient à miner son pouvoir tandis que des bandes guerrières d’orques, d’hommes-bêtes et de serviteurs du Chaos se tapissent dans les contrées sauvages, toujours prêts à piller et à saccager les fermes, les villages et les cités de l’Empire. Sous les rues des villes, dans des galeries et des cavernes bien dissimulées, les infâmes skavens complotent et intriguent dans le but de renverser ceux qui habitent dans le monde du dessus.

La sombre puissance du Chaos

 

La plus grande menace est celle du Chaos car elle se présente sous de nombreux visages. De toutes les races mortelles, l’humanité s’est révélée la plus sensible aux tentations des Dieux Sombres et la plus avide d’emprunter le chemin de la damnation. Les hommes mettent toute l’énergie de leurs courtes vies et toute leur soif de domination et d’immortalité au service du Chaos. Leur appui donne de la puissance aux dieux du Chaos et en échange ceux-ci corrompent et pervertissent leurs serviteurs. L’humanité désire ardemment le changement. C’est cette énergie qui lui a permis de coloniser le globe et de construire de grandes nations mais en fin de compte, tout ce labeur est vain. Peu d’hommes sont capables de s’en rendre compte, mais ce sont cette énergie et cette ambition qui alimentent les dieux du Chaos et les bouffissent de pouvoir.

Depuis la chute des légendaires Anciens, il y a de cela des milliers d’années, le Chaos s’est appliqué sans relâche à détruire le monde mortel dans l’intention d’établir l'avènement des Royaumes du Chaos pour l’éternité. D’innombrables vies ont été sacrifiées, des civilisations broyées, des peuples entiers ont été exterminés dans leur résistance contre les Dieux Sombres.

Quand les portes du Nord vomissent la matière brute du Chaos en vagues monstrueuses, d'innombrables guerriers en armure noire accompagnés des tribus de sauvages barbares déferlent du Nord en entraînant des cohortes démoniaques dans leur sillage. Des créatures abominables, engendrées par la substance mutagène du Chaos, émergent des forêts ombreuses et des ténébreuses tanières cachées à la racine des montagnes pour massacrer et incendier.

À chaque fois, les armées du Chaos ont dû reculer, mais chaque guerre a laisse l’Empire diminué, affaibli et de plus en plus tourmenté par le doute. Les Dieux Sombres sont éternels, ils n’ont qu’à attendre pour lancer leurs armées à l’attaque. Ils pressentent la discorde et la cultivent au sein de la population de l’Empire pour mieux diviser et conquérir. Il s’écoulera peut-être des mois, des années ou des siècles avant que les armées du Chaos ne reviennent. Mais que signifie le temps pour des êtres éternels et divins, qui verront la mort du monde et les royaumes des hommes réduits en poussière ?

Les hommes-bêtes

Les incursions et les attaques implacables des maraudeurs du Nord ne sont pas les seules menaces qui mettent l’Empire en danger, car dans le cœur des forêts profondes les hommes-bêtes se rassemblent, en hordes toujours plus nombreuses. Les hommes-bêtes sont les enfants du Chaos lui-même. Leurs corps en mutation et leurs esprits dégénérés sont au service du Chaos dès leur naissance. Les hommes-bêtes ne sont pas des créatures naturelles. Ils sont apparus pour la première fois lorsque les portails des Anciens se sont effondrés en répandant sur le monde un déluge de poussière de malepierre mutagène. Cela a déclenché un horrible changement chez de nombreux ancêtres des humains et des animaux du monde, en provoquant de graves mutations chez ceux-ci. Les hommes-bêtes sont la progéniture de ce tragique événement, ni hommes ni bêtes mais les hybrides pervertis des deux.

On en est réduit à des hypothèses sur leur nombre, mais ce sont certainement les plus répandues des créatures du Chaos. Les quelques érudits qui sont enclins à se pencher sur ces sombres réflexions et à effectuer des recherches sur ces sujets interdits craignent que les hommes-bêtes soient plus nombreux que les humains. Organisés en hordes guerrières, ils infestent les forêts et les terres à l’abandon, dans l’Empire et au-delà. C’est dans le Drakwald et la Forêt des Ombres qu’on les trouve en plus grand nombre. Ils présentent un danger inévitable pour tous les voyageurs qui empruntent les routes forestières et pour les petits villages et les fermes isolées. C’est souvent la nuit que les hommes-bêtes s’attaquent aux habitations et aux hameaux. Leurs habitants sont assassinés, les bâtiments rasés par le feu et le bétail est emmené pour être dévoré.

Seuls les plus puissants des Seigneurs des Bêtes, ceux qui sont dotés d’une volonté de fer, peuvent maintenir leurs hardes regroupées suffisamment longtemps pour représenter une menace sérieuse pour l’Empire, mais les terres impériales sont terriblement en danger quand cela se produit. Les hommes-bêtes se rassemblent autour des Pierres des Hardes, attirés par les grands feux allumés par un chef lorsqu’il veut rappeler ses troupes dispersées.

En même temps que les hommes-bêtes, les forêts et les profondeurs souterraines dissimulent des quantités d’autres choses d’aspect ignoble et de tempérament maléfique. Ces créatures ne sont pas d’une espèce ou d’un genre reconnaissable, leur ascendance est indécelable après des générations de corruption physique. Ces enfants du Chaos ne portent pas de nom, mais ils sont bien là… ils attendent. Quand la puissance du Chaos augmentera et que la Porte Sombre déversera son énergie maléfique, alors les enfants du Chaos se lèveront dans les ombres avec des braiments, des vociférations et des hurlements dans la jouissance anticipée de la victoire des Dieux Sombres.

Pourtant, il est plus que probable que ce ne sont pas les hommes-bêtes corrompus et les rejetons du Chaos couverts de bave errant dans les étendues désertiques qui provoqueront la chute de l’Empire. Non, le plus grand danger, et de loin, c’est l’ennemi intérieur, le vil chancre qui prospère dans le cœur de certains hommes dans les villages, les villes et les cités, qui marche en plein jour à la vue de tous sous le masque de la bonté quand il n’est rien d’autre que le mal absolu.

Les esclaves des ténèbres

Les membres des cultes du Chaos sont comme les vers dans le cœur d’une pomme pourrie, agglutinés les uns sur les autres, depuis les riches décadents jusqu’aux pauvres désespérés. Tout homme a des rêves et des peurs et c’est à ces peurs que les Dieux Sombres font appel. La peur de la mort, le désir de revanche, l’appétit de pouvoir ou de reconnaissance, voici les modestes ferments qui amènent un homme aux cultes du Chaos. Car lorsqu’un homme se soumet à la volonté des Dieux Sombres, il fait le premier pas vers la damnation.

Bien que tout culte du Chaos soit interdit au sein de l’Empire et que les répurgateurs et d’autres organisations s’emploient à détruire tous les ennemis qu’ils rencontrent, il est impossible de faire disparaître toute référence aux Dieux Sombres. La mutation est un phénomène omniprésent dans l’Empire et le Chaos est tapi derrière presque toutes les vieilles histoires et la plupart des vieux souvenirs.

Lorsque la récolte est mauvaise, comment ne pas être tenté de croire que les dieux ont abandonné le fermier et comment ne pas se tourner vers d’autres entités, plus anciennes et plus puissantes ? Lorsque certains désirent le pouvoir politique ou la puissance occulte, est-ce que ce n’est pas la mesure véritable d’un homme que de savoir risquer son âme pour atteindre la gloire ou la connaissance ? Devant d’innombrables ennemis, lorsque votre bras faiblit, à qui faire appel si ce n’est au plus grand des seigneurs des batailles ? Et lorsque vous désirez de la compagnie, de l’amour ou de l’adoration, le prince des dieux n’est-il pas celui qui vous offrira le soulagement ? C’est avec cent petits mensonges innocents que l’homme le plus noble et le plus pieux entame sa descente sur la voie du Chaos, vers ceux qui l’attendent, prêts à l’accueillir à bras ouverts.

De tels maîtres ou de tels adeptes de cultes ne sont parfois même pas conscients qu’ils agissent pour la gloire du Chaos, car tous les hommes ne sont pas disposés à donner leur âme aveuglément. Il en est d’autres, néanmoins, qui acceptent leur destin et négocient leur âme contre le pouvoir en ce bas monde, avec parfois une petite chance de tromper la mort et de gagner l’immortalité.

Les objectifs de ces hommes les amènent inévitablement à se tourner contre leurs frères humains et contre l’Empire qui les a nourris et élevés, comme des nourrissons mordant au sang le sein qui les allaite. Pour pouvoir gouverner, les suppôts de ces puissances doivent renverser ceux qui détiennent le pouvoir, anéantir ceux qui s’opposent à eux et rallier des disciples à leur cause. Lors de réunions secrètes accompagnées de sombres rituels, ils ourdissent leurs machinations et conjurent des esprits et des démons qui leur accorderont la puissance. Ils ne réalisent peut-être pas qu’à chaque fois qu’ils se conduisent ainsi, ils se rapprochent de l’oeil du Chaos et de la réussite suprême ou de l’aliénation mentale.

Tout ce qui relève du Chaos corrompt. Le parcours peut être rapide ou lent, mais le chemin mène toujours au même résultat, le désir de tout dominer et de voir le monde qui vous a repoussé devenir le jouet des Dieux Sombres.

Les détestables hommes-rats

Bien que les dangers du Chaos soient connus mais pas toujours compris de tous, il est un autre péril qui fait l’objet de controverses à la fois parmi les savants et les ignorants à travers tout l’Empire. Malgré ceux qui argumentent sur le fait qu’une telle chose ne pourrait être vraie et rester ignorée, certaines gens prétendent qu’il existe une race de mutants semblables à des rats, à la tête d’un empire souterrain qui s’étend sous toute la surface du Vieux Monde.

Ces affirmations sont vraies, mais le secret dont s’entourent les skavens et la faculté qu’ont les hommes à se bercer d’illusions suffisent à jeter le doute sur les histoires qui parlent de rats géants marchant comme des humains sous les pavés des rues. Il est pourtant des gens qui connaissent la vérité. Ceux qui ont vu des skavens et survécu pour en parler.

Ce fut en l’an 1111 que les skavens frappèrent l’Empire pour la première fois, lorsque des agents des Seigneurs de la Ruine se glissèrent dans des villages et des villes et empoisonnèrent les puits, les étangs et les rivières en y versant des produits contagieux et corrompus. La peste se répandit dans la population comme un feu de broussailles, touchant également les jeunes, les vieux et tous ceux qui étaient en bonne santé.

La peste démarra en même temps à Nuln, à Altdorf et à Talabheim puis se répandit dans les villes et la campagne environnante en quelques jours. Les rivières, qui sont tellement vitales pour l’Empire, devinrent les vecteurs de la peste noire, jusqu’à la propager aussi loin que Marienburg et le Stirland.

Alors que l’hiver se rapprochait et que les survivants hébétés luttaient contre la famine, les Seigneurs de la Ruine lâchèrent leurs guerriers des clans sur eux. Par milliers, les skavens submergèrent les quelques survivants qui restaient dans les villes et les villages dévastés. Ils prirent des esclaves, les récoltes et le bétail et disparurent à nouveau dans le dédale des cavernes de l’empire souterrain. Pour endiguer l’infecte marée, les Comtes ordonnèrent que l’on brûle entièrement des villages, souvent avec leurs habitants encore à l’intérieur des maisons, maintenus là par des arbalétriers et des arquebusiers. Seules les plus grandes cités échappèrent à la terrifiante maladie et aux rats des clans skavens. Les hommes-rats savaient qu’une grande victoire avait été remportée, mais ils étaient conscients que l’Empire avait encore la puissance nécessaire pour leur résister si leur présence était découverte et que les Comtes décidaient de les attaquer.

En 1115, l’Empereur Boris l’Avide mourut de la peste qui subsistait encore dans les provinces. Il fut l’un des derniers à succomber à la terrible contagion après presque trois quarts de son peuple. Mais lorsque finalement les membres du conseil des Treize des skavens jugea que le temps était venu, après des années de pillage et de massacre, ils furent pris au dépourvu par la résistance du Comte Mandred de Middenheim.

Lorsque les skavens attaquèrent le Middenland, des milliers de réfugiés affluèrent dans la cité de toute la région environnante. Malgré les cordons de sécurité et les soldats qui étaient là pour empêcher les personnes contagieuses d’entrer, les skavens s’infiltrèrent dans les catacombes qui se trouvent sous la cité et déchaînèrent la peste au cœur de Middenheim. Tandis que la mort et la panique s’emparaient de la capitale du Middenland, Mandred arriva avec le peu d’armée qu’il avait pu lever et réussit à obtenir suffisamment de soutien de la part des autres Comtes pour contraindre la peste des hommes-rats à retourner sous terre. Pour un moment, l’attaque des skavens avait été conjurée.

En 1124, la croisade de Mandred avait pratiquement exterminé les skavens dans de nombreuses régions de l’Empire et les avait repoussés vers le sud et l’est. Des dissensions internes au sein du conseil des Treize obligèrent les skavens à reprendre le contrôle de leurs propres troupes et en particulier à se concentrer sur la menace que pouvait représenter le très grand nombre d’esclaves qu’ils avaient capturés, tant leur succès avait été énorme dans ce domaine.

En guise de cadeau d’adieu, les Seigneurs de la Ruine envoyèrent un assassin à Middenheim pour tuer Mandred qui avait depuis été élu Empereur. L'agression fut une réussite et les skavens camouflèrent leur forfait grâce à des preuves soigneusement fabriquées qui désignaient des mutants vivant dans les égouts de la cité.

Depuis leur grand assaut, les skavens ont regroupé leurs forces, en utilisant fréquemment les services de cupides alliés humains pour collecter des renseignements ou agir selon leurs ordres. En 2320, des agents skavens, aidés par des marins superstitieux et des dockers corrompus, s’infiltrèrent dans le port de Marienburg et détruisirent de nombreux bateaux à l’aide de bombes à malepierre. En 2387, ils sapèrent les murailles du Château Siegfried en Sylvanie. Lorsque leur allié, le prince Karsten de Waldenhof, refusa de leur payer ce qu’ils exigeaient, les skavens attaquèrent Waldenhof et enlevèrent tous les enfants de la ville.

Très récemment, les skavens ont été très actifs à Nuln, sous les ordres du Prophète Gris Thanquol. Certaines preuves impliquèrent même Fritz von Halstadt, le premier magistrat de la cour de la Comtesse Emmanuelle, qui était à la tête d’un réseau de contrebandiers basé dans les égouts de la cité. Les plans de Thanquol visant à déclencher une guerre civile à Nuln ne furent contrecarrés que parce que le complot fut mis au jour grâce à un deux d’aventuriers itinérants qui étaient de passage dans la cité pour leurs propres affaires.

De même que le Chaos dont ils sont nés à l’origine, les skavens représentent une menace subtile mais mortelle. Rusés et patients, d’une férocité redoutable quand cela est nécessaire, ils rongent les fondations de l’Empire et cultivent la corruption dans le cœur des hommes. Innombrables et invisibles, ils sont le danger qui se dissimule dans chaque ruelle et sous chaque plaque d’égout.

Les morts sans repos

Les hommes craignent la mort plus que toute chose. Pour ne pas être oubliés, ils se contentent d’élever des fils et des filles, les rois et les empereurs érigent des monuments pour que les générations futures se souviennent d’eux et les hommes moins fortunés racontent leur vie en écrivant leur journal ou créent des chefs-d’œuvre d’art ou d’artisanat. Ainsi, ils laissent un souvenir après leur disparition. Mais certains individus recourent à des mesures plus désespérées et beaucoup plus sombres. Ils se tournent vers la magie noire et le sombre art de la nécromancie.

La nécromancie est la magie du monde des morts. Un nécromancien est capable de dialoguer avec les morts et de conjurer les esprits. Sa magie lui permet d’étendre la durée de son existence pendant des siècles et d’animer les cadavres afin de créer des légions de zombies qui combattront pour lui. Depuis le moment où les portails des Anciens se sont effondrés et où le Chaos à l’état brut s’est répandu sur le monde, les morts ne reposent plus en paix dans leurs tombes. D’innombrables générations d’hommes à l’âme mauvaise ont tenté d’asservir les morts pour leur faire accomplir leur volonté et Sigmar lui-même a dû affronter le plus grand de tous les nécromanciens : Nagash, le redoutable seigneur des morts-vivants.

Ceux qui s’adonnent à cet art, le plus abominable de tous les arts interdits, s’exposent à des périls aussi redoutables que nombreux. Certains tentent de rallonger la durée leur existence naturelle sur des dizaines d’années, voire des siècles. Ils y réussissent parfois et ces individus conservent leur corps physique et le peu qui reste de leur santé mentale. Mais en général, le résultat est bien plus terrible que la mort elle-même. L’utilisation incessante de la magie noire consume l’âme et atrophie le corps et les nécromanciens prennent une apparence de plus en plus cadavérique à mesure que le temps passe.

L’étude de la nécromancie est entourée de mystère. Pour apprendre la magie noire, un candidat doit rechercher un nécromancien et devenir son apprenti ou acquérir l’un des Grimoires Interdits comme le Liber Mortis ou l’un des Neuf Livres de Nagash. Une autre possibilité est de trouver une copie du Livre des Morts, écrit par Abdul ben Raschid, le prince arabe dément qui voyagea jusqu’à la Terre des Morts, dans le Sud profond, et, rendu fou par ses expériences, écrivit son chef-d’œuvre impie. Il n’a pas vécu suffisamment longtemps pour voir la révulsion générale suscitée par son œuvre ou le grand autodafé par lequel le calife de Ka-Sabar fit brûler toutes les copies du volume sur lesquelles il réussit à mettre la main. Malheureusement, le calife ne les trouva pas toutes.

Les livres interdits recèlent leurs propres dangers. Des connaissances nécromantiques y sont consignées, rédigées à l’aide d’une encre distillée à partir de sang humain, sous une couverture reliée faite de peau humaine. Seuls les esprits les plus résolus peuvent les lire en conservant leur santé mentale. Ces grimoires prohibés racontent les horribles secrets de l’au-delà et les sombres rêves insensés qui hantent le sommeil éternel des morts.

Un grand nombre de sorts destinés à réveiller les morts, à conjurer la magie de la mort et à contrôler les morts-vivants sont consignés dans ces livres. Ils évoquent également les rites par lesquels on peut éveiller la magie noire, ils mentionnent les jours où la magie maléfique est la plus puissante et les endroits propices aux vents de la magie nécromantique.

Les nécromanciens sont universellement haïs et poursuivis. La population de l’Empire respecte les défunts. Les prêtres de Morr, ainsi que les répurgateurs, pourchassent sans relâche ceux qui osent profaner le repos des trépassés. Nombreux sont les aspirants nécromanciens qui ont péri dans les flammes purificatrices de bûchés allumées par les répurgateurs. Cependant, dans ce domaine les nécromanciens ne sont pas les seuls à menacer l’Empire, car l’ombre des vampires s’étend loin sur la terre.

Les Marches des Comtes Vampires

À la frontière orientale du Stirland, dans l’ombre des Montagnes du Bord du Monde, s’étend la Sylvanie, la région qui possède la plus mauvaise réputation de tout l’Empire, et certains diraient de tout le Vieux Monde. C’est une contrée accidentée où se succèdent collines stériles, désolations desséchées et forêts noyées de brume. Tous ceux qui le peuvent l’évitent comme la peste. Seul un insensé s’aventurerait en Sylvanie après le coucher du soleil. Même les plus vaillants des Chevaliers de la Quête bretonniens ne s’y risquent pas et les voyageurs les plus épuisés ne se hasardent pas à demander asile dans les châteaux menaçants qui dressent leurs imposantes silhouettes sur ce territoire. Dès le crépuscule, les villages aux habitations délabrées se protègent contre l’obscurité. Leurs habitants pouilleux et pitoyables barrent et verrouillent leurs portes. Ils suspendent des brassées de fléau-des-sorcières et de griffedémons en travers des fenêtres dans l’espoir que ces plantes les protègeront de ceux qui hantent la nuit.

Les sorciers prétendent que les plus sinistres vents de magie soufflent sur toute la Sylvanie et que les donjons de la noblesse se dressent tous sur les sites historiques maudits d’événements funestes. Même les collecteurs de taxes du Comte Électeur de Stirland, pourtant bien connus pour leur brutalité et leur absence de scrupules, portent des amulettes bénies par les prêtres de Morr et de Sigmar quand ils sont obligés de s’y rendre pour percevoir le dû de leur seigneur. Et même ainsi, ils ne se déplacent qu’en compagnies fortes d’au moins cinquante hommes.

Pendant des siècles, la Sylvanie a été le repaire de nécromanciens et d’autres individus infâmes. Pourtant, il fallut attendre la sinistre époque des guerres des Comtes Vampires pour que le véritable maléfice qui se dissimulait au cœur des ombres soit révélé.

Lors de la Geheimnisnacht de l’année 2010 après la naissance de Sigmar, la cauchemardesque vérité sur Vlad von Carstein, maître de la Sylvanie, fut révélée alors que debout sur les remparts du château de Drakenhof, il entonnait une terrible incantation issue des pages des Neuf Livres de Nagash. Dans toute la région, les morts-vivants s’éveillèrent. Les squelettes creusèrent la terre molle de Sylvanie de leurs griffes, les zombies frémirent dans leurs cryptes et les goules se mirent en marche pour rejoindre leur nouveau maître. Von Carstein avait jeté son gant à la face des Trois Empereurs. Les guerres des Comtes Vampires venaient de commencer.

Les armées de Sylvanie marchèrent vers le nord-ouest, dissimulées le jour sous un linceul de nuages d’orage, avançant sans relâche la nuit, droit sur le Talabecland. Des milices de paysans marchaient avec les squelettes et les zombies contrôlés par leurs seigneurs vampiriques, aussi contents de servir leurs monstrueux maîtres qu’ils l’auraient été de suivre tout autre noble. L’armée du Talabecland tenta de les arrêter lors de la bataille du Gué de l’Essen, mais elle fut écrasée par l’armée des morts-vivants. Avant la bataille, von Carstein avait fait savoir qu’il épargnerait ses ennemis s’ils s’en retournaient mais qu’il n’aurait aucune pitié s’ils persistaient à s’opposer à lui. Les cadavres des victimes se joignirent à son armée au cours de la même nuit.

Les sbires de Vlad capturèrent Hans Schliffen, général de l’armée adverse, mais à la vue de ce carnage contre-nature, Schliffen entra dans une rage folle et rompit ses liens. Arrachant une épée à l’un de ses gardiens, il fit sauter la tête de Vlad avant d’être réduit en charpie par les hommes du comte qu’il venait d’occire. Les autres vampires commencèrent à se quereller pour le contrôle de l’armée mais quelques jours après Vlad revint indemne.

Vlad fut tué une nouvelle fois par Jerek Kruger, grand maître des Chevaliers du Loup Blanc et l’armée de Sylvanie fut réduite à néant par les forces du graf de Middenheim. Moins d’un an après, on retrouvait le corps de Kruger battu à mort et saigné à blanc au pied de l’Ulricsberg et l’armée de Vlad était de nouveau en marche. À Bluthof, Vlad fut terrassé par le Croc Runique du Comte d’Ostland, alors qu’il avait été transpercé par cinq lances, pas moins. Pourtant, trois jours plus tard, il présidait fièrement une crucifixion en masse devant les portes de la ville. Par un coup de chance, un boulet de canon emporta la tête de von Carstein au pont de Bogenhafen. Dans l’heure suivante, tous les servants du canon étaient morts et le village était pris. Les soldats de l’Empire étaient saisis de terreur en se voyant confrontés à un ennemi qui paraissait si totalement invincible.

Lors de l’hiver 2051, les von Carstein entamèrent le siège d’Altdorf. On avait dévié le cours du fleuve Reik lui-même pour inonder des fossés remplis de pieux qui entouraient les murs de la ville dans l’espoir que cela tiendrait les vampires en échec, mais en vain. Vlad exigea une fois de plus qu’on lui ouvre les portes de la ville et que ses habitants se mettent à son service tant qu’ils étaient en vie, à défaut de quoi il se chargerait de tous les massacrer et ils devraient le servir après leur mort. Nombreux furent ceux qui souhaitèrent accéder aux exigences de Vlad et seul le Grand Théogoniste Wilhelm III fut capable de rassembler le peuple de la cité, y compris Ludwig, prince d’Altdorf et prétendant au trône de l’Empereur.Wilhelm passa trois jours à jeûner et à prier dans la grande cathédrale de Sigmar et en sortit pour dire au peuple que Sigmar lui avait montré le chemin de la victoire.

Ce jour-là, un voleur du nom de Félix Mann s’introduisit dans le camp de von Carstein. Mann, qui était le voleur le plus habile de la cité, avait reçu la promesse d’être gracié s’il réussissait à dérober la bague d’or de Vlad. Pendant que les aristocrates sylvaniens dormaient dans leurs cercueils ouverts, sans aucune protection car leur vanité était sans bornes, Mann ôta la bague du doigt de Vlad et s’enfuit.

Vlad von Carstein se mit dans une fureur noire lorsqu’il se réveilla et découvrit le larcin. Sur son ordre, de grandes tours de siège en os furent immédiatement poussées contre les murailles par des colonnes de morts-vivants impitoyables, tandis que sur les remparts d’Altdorf les défenseurs se tenaient prêts.

Le Grand Théogoniste affronta le Comte Vampire au plus fort de la bataille, au sommet de la plus haute tour des remparts. Wilhelm savait qu’il ne pourrait jamais survivre à son immortel ennemi. Lorsqu’il sentit ses forces faiblir, il étreignit Vlad avec force et se jeta du haut des remparts. Vlad fut empalé sur un pieu de bois lorsque Wilhelm s’écrasa sur lui. La pointe transperça également la poitrine du Théogoniste. Avec un cri strident, le Comte, privé du pouvoir magique de son anneau, connut la mort véritable.

Cela fait des siècles que les Comtes Vampires ravagent l’Empire. À certaines périodes, ils se contentent d’attendre et d’observer, mais à d’autres moments ils se lancent à l’attaque dans l’espoir de faire tomber les terres des vivants. Certains d’entre eux étaient fous, comme Konrad von Carstein, d’autres ont été de grands praticiens des arts nécromantiques. Quoi qu’il en soit, tous ont mis à l’Empire et sa population à rude épreuve.

Le dernier et le plus dangereux des Comtes Vampires était Manfred, un être subtil, retors et déloyal. Certains prétendent qu’il était éveillé lorsque la bague des von Carstein fut volée et qu’il ensorcela les sentinelles pour qu’elles ne remarquent rien. Tandis que les puissants de l’Empire, hommes et femmes, recommençaient à se disputer la couronne de l’Empereur, Manfred attendait son heure en étudiant les arts sombres et rassemblait ses forces.

Il frappa en 2132 et écrasa plusieurs armées impériales assemblées à la hâte pour tenter de lui barrer le chemin pendant la Guerre Hivernale. Comme Vlad avant lui, il se tourna vers Altdorf et arriva à la fin de l’hiver pour trouver la capitale du Reikland apparemment sans défenseurs. Alors qu’il marchait à la tête de son armée en décomposition, le Grand Théogoniste Kurt III apparut sur les remparts avec le Liber Mortis en main. Le prêtre de Sigmar commença l’incantation du Grand Rituel de Bannissement et Manfred fut contraint de battre en retraite alors que son armée se disloquait autour de lui.

Devant cette menace, les dirigeants de l’Empire réussirent à mettre leurs divergences d’opinion de côté suffisamment longtemps pour repousser Manfred jusqu’en Sylvanie, puis ils marchèrent sur le château de Drakenhof lui-même. Finalement Manfred fut contraint de se battre à Hel Fenn et fut terrassé par le Comte du Stirland au moment où il tentait de fuir la bataille dans son chariot. Le corps de Manfred fut perdu en bordure du grand marécage. Le Comte de Stirland revendiqua la Sylvanie comme prise de guerre et l’ajouta à ses domaines. Personne ne protesta.

Ainsi, la menace des Comtes Vampires semble avoir été anéantie. Il court toujours quantités d’histoires sinistres qui parlent des morts sans repos et de leur maître assoiffé de sang. Les répurgateurs se rendent toujours en Sylvanie pour porter le feu et le pieu aux morts-vivants qui s’y cachent. Pendant la grande invasion du Seigneur du Chaos Archaon, on raconte qu’une armée de morts s’est levée de nouveau pour aller au combat.